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Mais, se dit à la fin un philosophe, si Dieu a parlé, pourquoi n’ai-je rien entendu ?…

Il a suffi de cette parole de doute pour ébranler l’Eglise, annuler les Écritures, dissiper la foi, et hâter le règne de L’Antéchrist !

Je ne veux point, à l’exemple de Hume, préjuger ni la réalité, ni la possibilité d’une révélation : comment raisonner à priori d’un fait surnaturel, d’une manifestation de l’Être-Suprême. La question est toute pour moi dans l’expérience que nous pouvons en acquérir, et je réduis la controverse religieuse à ce point unique, l’authenticité de la parole divine. Prouvez cette authenticité, et je suis chrétien. Qui donc oserait disputer avec Dieu, s’il était sûr que c’est Dieu qui lui parle ?

Il en est du Peuple, comme de la Divinité : Vox populi, vox Dei.

Depuis que le monde existe, depuis que les tribus humaines ont commencé de se constituer en monarchies et républiques, oscillant d’une idée à l’autre comme des planètes vagabondes ; mêlant, combinant, pour s’organiser en sociétés, les élémens les plus divers ; renversant les tribunes et les trônes comme fait un enfant un château de cartes, on a vu, à chaque secousse de la politique, les meneurs du mouvement invoquer, en termes plus ou moins explicites, la souveraineté du Peuple.

Brutus et César, Cicéron et Catilina, se prévalent tour à tour du suffrage populaire. S’il faut en croire les partisans du système déchu, la Charte de 1830