politique dont vous m’honorez, si sur la question la plus importante qui puisse m’être soumise vous m’en ôtez l’exercice ? En aimerais-je moins la République, si vous m’aviez permis de la constituer avec vous ?…
Tels étaient, le 25 février, les scrupules du Gouvernement provisoire, scrupules que, soit faiblesse, soit machiavélisme, il fit taire le lendemain. L’établissement de la République, dans la pensée du Gouvernement provisoire, a été une surprise, une violence faite au pays. Ce que le Peuple avait conçu dans sa haute raison, le Gouvernement provisoire l’a fait dans la mollesse, dans la duplicité de sa conscience.
Elle parlait assez haut, cependant, elle était assez intelligible, cette voix du Peuple. — « Si c’est moi, criait-elle, qui ai parlé à Paris, je ne puis me contredire à Bordeaux. Le Peuple est un et indivisible ; il n’est pas majorité et minorité ; il n’est point une multitude, il ne se scinde pas. Sa volonté ne se compte ni ne se pèse comme la monnaie, comme des suffrages d’actionnaires : elle est unanime. Partout où il y a division, ce n’est plus le Peuple : vos théories représentatives sont une négation de sa souveraineté. Le Peuple est toujours d’accord avec lui-même : tout se tient, tout se lie dans ses décisions ; tous ses jugemens sont identiques. Supposer qu’après l’événement du 24 février, préparé, prévu de si loin, accompli par le concours ou l’antagonisme de toutes les idées, la proclamation de la République pût être objet de controverse, c’était frapper de nullité tout