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une seule fois son rival. Comme le note M. Radlov, cet ouvrage renferme « une constante polémique contre les opinions de Tolstoï ». Dans le dernier livre de Soloviev, les Trois Entretiens, qui m’a donné l’occasion de publier la présente étude, la doctrine de Tolstoï est encore longuement et vigoureusement combattue, sous une forme originale, spirituelle, élégante, où le grand art littéraire se met au service de la philosophie supérieure, de la foi religieuse et de la mystique. Là, encore, le nom de l’adversaire n’est pas prononcé.

Tolstoï ou Soloviev, lequel des deux durera le plus longtemps et exercera la plus profonde influence ? Ce n’est pas difficile à deviner ; ou plutôt rien n’a besoin d’être deviné. Tolstoï a prodigué l’exemple des égarements où petit tomber un génie déséquilibré ; et, comme penseur, il a découragé la confiance et l’indulgence.

Au contraire, la renommée et l’autorité de Soloviev ne cessent de grandir, même dans des milieux très divers. Les littérateurs et les artistes le lisent avec attention, avec émotion bien souvent. Sa pensée, vraiment universelle, les