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de ces documents remplirait plusieurs volumes. Ce devint tout de suite une habitude de citer, à propos des sujets les plus différents, le nom, la pensée, la parole de Soloviev. Dix ans après sa mort, les littérateurs, les philosophes, les étudiants célébraient sa mémoire par une fête solennelle ; et, dans le Novoë Vremia, M. Pertsov pouvait dire avec une entière exactitude : « Il semble qu’il écrivait encore hier. » On le reconnaissait dès lors pour l’écrivain « le plus contemporain ». Et, depuis, son influence n’a pas cessé de gagner en profondeur comme en éclat.

Cette gloire qu’il possède, il ne l’avait point recherchée.

Je puis dire davantage. Il savait qu’il la posséderait… et il la dédaignait d’avance. En 1893, à Paris, un soir, il me communiquait confidentiellement ses impressions au sujet des difficultés qu’il rencontrait pour faire avancer la grande idée à laquelle il s’était consacré. Il me découvrit la cruelle lassitude qui, par instants, menaçait de l’envahir. Je lui rappelai ses succès. J’ajoutai que certainement on continuerait de lire ses livres, et que, dans l’avenir, on les lirait encore plus qu’à l’heure où nous étions. Il demeura une