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L’IDÉE RUSSE




I


En acceptant l’unité essentielle et réelle du genre humain, — et il faut bien l’accepter, puisque c’est une vérité religieuse justifiée par la philosophie rationnelle et confirmée par la science exacte, — en acceptant cette unité substantielle, nous devons considérer l’humanité entière comme un grand être collectif ou un organisme social dont les différentes nations représentent les membres vivants. Il est évident, à ce point de vue, qu’aucun peuple ne saurait vivre en soi, par soi et pour soi, mais que la vie de chacun n’est qu’une participation déterminée à la vie générale de l’humanité. La fonction organique qu’une nation doit remplir dans cette vie universelle, — voilà sa vraie idée nationale, éternellement fixée dans le plan de Dieu.

Mais, s’il est vrai que l’humanité est un grand organisme, il faut bien se rappeler que ce n’est pas là un organisme purement physique, mais que les membres et les éléments dont il se compose — les nations et les individus — sont des êtres moraux. Or, la condition essentielle d’un être moral, c’est que la fonction particulière qu’il est appelé à remplir dans la vie