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voirs du présent ; enfin le ministère libre du prophète (chef inspiré de la société humaine dans sa totalité), inaugurant la réalisation de l’avenir idéal de l’humanité. La concorde et l’action harmonique de ces trois facteurs principaux sont la première condition du véritable progrès. Le Pontife suprême est le représentant de la vraie paternité éternelle et non pas de la fausse paternité, de ce Krhonos (le Temps) des païens qui dévorait ses enfants. Lui, au contraire, ne trouve sa vie que dans leur vie. En gardant fidèlement et en affirmant l’unité immuable de la tradition, le Pontife universel n’a pas besoin d’exclure ni les intérêts légitimes de l’actualité, ni les nobles aspirations à l’idéal parfait ; pour bien garder le passé, il n’a pas besoin de lier le présent et de fermer la porte à l’avenir. De son côté, le chef de l’État national, s’il est digne de son pouvoir, doit penser et agir en vrai fils de l’Église universelle (représentée par le Souverain Pontife), et alors il est l’image et l’organe véritable du Fils et du Roi éternel, de Celui qui fait la volonté du Père et non la sienne, et qui ne veut être glorifié qu’en glorifiant le Père. Enfin l’initiateur libre du mouvement social progressif, le prophète, s’il ne trahit pas sa grande vocation, s’il met son inspiration individuelle en accord avec la tradition universelle, et sa liberté — la vraie liberté des enfants de Dieu — avec la piété filiale à l’égard de l’autorité sacrée et avec le juste respect des pouvoirs et des droits légitimes, devient l’organe véritable de