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sacrifier leur égoïsme national à la vérité universelle ne peuvent pas être et ne doivent pas s’appeler chrétiens.

On se prépare chez nous à fêter solennellement le neuvième centenaire du Christianisme en Russie. Mais il paraît que ce sera là une fête prématurée. À entendre certains patriotes, le baptême de saint Vladimir, si efficace pour le prince lui-même, n’a été pour sa nation qu’un baptême d’eau, et il nous faudrait être baptisés une seconde fois par l’esprit de la vérité et le feu de la charité. Et vraiment ce second baptême est absolument nécessaire, sinon pour la Russie entière, du moins pour la partie de notre société qui agit et qui parle aujourd’hui. Pour devenir chrétienne elle doit renoncer à une nouvelle idolâtrie moins grossière mais non moins absurde et beaucoup plus pernicieuse que l’idolâtrie de nos ancêtres païens, rejetée par saint Vladimir. J’entends cette nouvelle idolâtrie, cette folie épidémique du nationalisme qui pousse les peuples à adorer leur propre image au lieu de la Divinité suprême et universelle.


VIII


Pour maintenir et pour manifester le caractère chrétien de la Russie, il nous faut abdiquer définitivement la fausse divinité de ce siècle, et sacrifier au vrai Dieu notre égoïsme national. La Providence nous a mis