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particulariste et exclusif, n’est pas certes une partie vivante de la vraie Église universelle fondée par le Christ. Pour dire ce qu’elle est en réalité nous laissons la parole à un auteur, dont le témoignage a dans cette occasion une valeur exceptionnelle. L’un des chefs les plus éminents du « parti russe », ardent patriote et orthodoxe zélé, en sa qualité de slavophile ennemi déclaré de l’Occident en général et de l’Église de Rome en particulier, ayant la papauté en horreur et la compagnie de Jésus en abomination, J. S. Aksakov, ne pourrait pas être soupçonné d’avoir eu des idées préconçues défavorables à notre Église nationale comme telle. D’un autre côté, quoique partageant les préjugés et les erreurs de son parti, Aksakov était au-dessus des panslavistes vulgaires non seulement par son talent, mais aussi par sa bonne foi, par la sincérité de sa pensée et la franchise de sa parole. Longtemps persécuté par l’administration, condamné enfin au mutisme pendant douze ans, ce n’est que dans les dernières années de sa vie qu’il obtint comme privilège personnel et toujours précaire la liberté relative de publier ce qu’il pensait.


VI


Écoutons donc ce témoin loyal et bien autorisé. Il appuyait son jugement sur une longue série de faits