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tation de Dieu avec les hommes dans la nouvelle Jérusalem descendant des cieux, le contraste est vraiment frappant. Au point de vue des Juifs qui rejettent le grand dénoûment universel de leur histoire nationale révélé dans le Nouveau-Testament, il faudrait admettre que la création du ciel et de la terre, la vocation des patriarches, la mission de Moïse, les miracles de l’Exode, la révélation du Sinaï, les exploits et les hymnes de David, la sagesse de Salomon, l’inspiration des prophètes, — que toutes ces merveilles et toutes ces saintes gloires n’ont abouti en dernier lieu qu’à un manifeste d’un roi païen ordonnant à une poignée de Juifs de bâtir le second temple de Jérusalem, ce temple dont la pauvreté comparée à la splendeur du premier a fait pleurer les vieux de Juda et qui dans la suite n’a été agrandi et embelli par l’Iduméen Hérode que pour être définitivement détruit par les soldats de Titus. Ce n’est donc pas le préjugé subjectif d’un chrétien, c’est le monument de la pensée nationale des Hébreux eux-mêmes qui démontre manifestement qu’en dehors du Christianisme l’œuvre historique d’Israël a échoué, et que par conséquent un peuple peut bien quelquefois manquer sa vocation.


III


Je ne me suis pas écarté de mon sujet en parlant de la Bible des Juifs. Car il y a quelque chose dans cette