Page:Solms - Un divorce.djvu/8

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

croisent mollement, et sur des prés d’un ton d’émeraude, enchâssés dans l’or humide de ces marais, d’où l’on tire le jaune d’ocre, Goslar dort son sommeil de princesse enchantée. À travers le léger brouillard qui l’enveloppe, passent encore des visions héroïques ; cinq grosses tours sont debout, attestant de rudes assauts et de belles défenses ; la flamme des fonderies, enfin, brille sinistre, quand tombe le soir, faisant songer aux gnômes de ces légendes que la population des mines conserve respectueusement avec les antiques usages et les antiques vertus.

Glück auf ! (bonne montée !) nous dit un passant vêtu comme nous nous représentons les chasseurs du Freyschütz. Nous ne sommes pas loin en effet de la Gorge-aux-Loups immortalisée par le génie de Weber. C’est jour de fête. Les mineurs sont sortis de leurs galeries, et s’en vont au jeu de l’arquebuse, une plume d’aigle à leur chapeau, recueillis dans une joie calme et grave. — Glück auf ! Par habitude ils souhaitent la lumière du jour comme le plus grand des biens, pauvres gens ! et ce glück auf-là va se boire à la ronde dans le vieux vase d’argent de l’Hôtel de Ville, muni d’une échelle de métal qui sert à mesurer les prouesses du plus hardi buveur.