Page:Solms - Un divorce.djvu/327

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. de Waldheim, Dora telle qu’elle avait pu être, que le spectacle de ce qu’elle était devenue. Chacun d’eux crut rencontrer le spectre de l’autre, et il ne fut question entre ces étrangers, qui avaient été des époux, que de Betsey. Karl permit, sous certaines conditions, qu’elles se revissent, et il faut dire que l’ex-comtesse de Waldheim chercha à se rendre digne de cette faveur ; sa conduite n’a donné prise depuis lors à aucun scandale. Est-elle absolument irréprochable au fond ? Qui le sait ?

L’amour exalté de Betsey, privé du double stimulant de la persécution et du fruit défendu, s’est calmé quelque peu depuis que, mariée elle-même, elle apprécie à leur valeur les devoirs et les fautes de la femme. Son père, qu’elle n’a jamais voulu quitter, le voyant veuf, reste en première ligne dans ses affections, avec le jeune attaché d’ambassade à qui elle a, encore presque enfant, accordé sa main. Cette petite main tenait une grosse dot, grâce à l’héritage des Sigfrid. Betsey est pleine d’égards pour sa mère et lui rend visite… le matin, ce qui passe inaperçu dans la grande ville qu’elle habite. Du reste, femme du monde exquise — sèche, coquette, polie et frivole comme