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réputé dangereux et où était survenue déjà plus d’une catastrophe. On la savait atteinte d’une maladie du cœur. Il n’en fallait pas davantage pour couper court aux soupçons qui n’eussent pu s’arrêter d’ailleurs sur une personne du caractère de Mme de Waldheim. Ce fut à Goslar une sorte de deuil public, tant elle était chérie et vénérée. On s’associa profondément à la douleur très-sincère de Karl, qui ne fit du reste qu’une courte apparition dans le pays pour rendre les derniers devoirs à sa femme. Rosenthal lui était devenu odieux. Il se hâta de le mettre en vente et alla vivre à l’étranger. La mort d’Elsbeth lui est restée un sujet de mélancolie permanente, qui a chassé et remplacé la mélancolie du souvenir de Dora. Le fait est qu’il a depuis longtemps atteint cette phase de désillusion où l’on cherche des prétextes pour ne plus jouir, ne plus croire, ne plus espérer. On a vu le mal de près ; une déplorable expérience a émoussé tous les ressorts de l’esprit et du cœur ; tout rebute, tout ennuie, et l’on se croit grand philosophe parce qu’on est fatigué jusqu’à l’impuissance. Certaines organisations généreuses n’arrivent jamais à cette extrémité, quelles que soient les tourmentes qu’elles traversent, — demandez à