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où les moissons mûres attendaient la faucille. Ce tintement argentin qui semble faire partie de l’air même du Hartz, frappa son oreille engourdie. Tout cela était pur, triste, austère, d’une poésie un peu froide, comparable à celle des idylles de Gessner, et l’âme d’Elsbeth hésita. De toutes les églises lointaines dont les clochers lui apparaissaient dans le feuillage, partait une voix, celle du pasteur Mansfeld : « L’éternité, y songes-tu ? As-tu songé à ton salut ?… au châtiment, au malheur sans fin ?…

— Soit ! dit-elle en joignant les mains, soit !… en échange de leur bonheur en ce monde.

Et, sans se donner le temps de penser davantage, elle descendit rapidement vers le lac. Quelques minutes elle s’ébattit à la surface, sa longue chevelure flottant derrière elle comme un linceul d’or ; puis elle fixa ses yeux sur le soleil couchant dont la pourpre pâlissait à l’horizon, et se laissa glisser dans l’infini.

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Un étourdissement, une faiblesse, une contraction de muscles, le contact fortuit d’une racine, et l’événement qui transforme en cadavre un corps jeune et actif est expliqué. Ce qui restait d’Elsbeth fut retrouvé sur un point du lac