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semblaient entre leurs cils rapprochés vouloir toujours deviner la pensée d’autrui, la bouche déjà sérieuse, le teint d’une transparence presque inquiétante, délicatement rosé comme l’intérieur d’un coquillage de mer, certaine roideur dans l’ensemble de sa personne, effilée, maigrelette, tout cela formait une individualité enfantine plus intéressante que sympathique. Elle avait les cheveux de ce ton essentiellement anglais que l’on nomme auburne plus chaud que le blond, plus clair que le châtain, roux comme la feuille morte que dorerait un rayon de soleil ; leurs ondes soyeuses, qui ruisselaient jusqu’à la ceinture, évoquèrent pour Elsbeth l’image de Dora, telle que Waldheim la lui avait peinte d’un mot. En voyant entrer la fille de sa rivale, un sentiment indéfinissable où se confondaient la répugnance et la timidité, la tinrent d’abord clouée à sa place. La bonté l’emporta, et quoique Betsey lui tendît sa petite main étroite, avec plus d’aisance et de froideur que n’en ont d’ordinaire les enfants, elle l’entoura maternellement de ses bras, pour la baiser sur les yeux et les lèvres, à la mode allemande. La petite parut surprise, haussa légèrement les sourcils, se tourna vers son père, et, quand celui-ci lui dit : « Voici