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noblement drapée, qui sert de hamac à l’enfant et laisse à la femme la liberté de ses mains toujours armées d’un tricot. Elsbeth adorait les enfants, et quand sa douce et avenante figure leur souriait au milieu des fleurs, plus d’un jeune homme s’arrêtait pour admirer. Mais les admirateurs, Elsbeth ne les voyait pas. Indifférente comme ses roses aux regards qu’elle charmait, elle baissait le front sur son ouvrage sans rougir, sans se troubler. Si elle avait jadis été coquette, depuis douze ans elle ne l’était plus. Douze ans ! mon Dieu, oui ! Ailleurs, elle eût été atteinte par le ridicule qui s’attache à la situation de vieille fille ; mais dans un pays où le célibat est conciliable avec l’indépendance des allures et de la pensée, Elsbeth ne subissait nullement ce préjugé. Elle passait auprès de tous pour une personne d’une haute intelligence et d’un grand cœur, d’une supériorité même qui devait échapper de droit au joug du ménage, disaient quelques-uns, avec l’enthousiasme particulier aux Allemands pour les femmes géniales. Il est certain quelle avait puisé auprès de son père, minéralogiste fort connu dans le monde savant, une instruction solide qui, favorisée par l’existence calme et uniforme de la petite