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LE PARFAIT MARESCHAL.

Chap.
ⅹⅷ
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blanc d’un sol, preste à mettre au four, c’est à dire comme elle est lors qu’il n’y a qu’à la faire cuire, & délayer cette paste dans l’eau où l’on aura jetté du soulfre fondu, l’aigreur de la pâte corrigera le mauvais goust du soulfre, & empeschera le Cheval de s’en dégoûter, outre qu’elle rejoüit l’interieur du Cheval, & le nourrit d’autant.

Si l’ulcere est au poulmon, en s’agrandissant & le voisinage du cœur sera cause d’une fievre étique qui desséchera tout le corps, & les morves finissent ordinairement par là ; & au bout de six mois ou d’un an le Cheval meurt. Comme il est incertain si un Cheval a veritablement cette morve, de laquelle ils meurent presque tous, je croy qu’il faut tenter quelques remedes pour s’en rendre certain dans l’operation qu’ils feront, vous découvrirez s’il y a esperance de guerison ou non ; en tout cas, la boisson que nous avons ordonnée, ne peut que luy profiter, quelque morve qu’il aye, particulierement à celle qui s’attache au poulmon, qui est tres-méchante, estant envieillie : Et pour marque qu’il n’en faut pas d’abord desesperer, il s’en void qui se sont gueris d’eux-mesmes dans l’écurie ; mais à ceux-là, il n’y avoit point d’ulcere, la matiere n’ayant pas esté assez acre pour ronger & consommer la partie ; mais on n’en estoit pas certain.

Souvent par les bons remedes qu’on pratique aux Chevaux morveux, on les met en chemin de guerison, & si le poulmon n’estoit pas consommé, on en viendroit à son honneur ; mais il n’y a que Dieu qui puisse restablir une partie consommée : J’ay traité un Cheval morveux un mois entier, luy faisant avaller tous les matins trois chopines de vin emétique, dans lesquelles je mettois deux onces de poudre cordiale, & les soirs je luy siringuois les nazeaux avec un demy verre de vin emétique, cela fit fondre la glande qu’il avoit entre les deux os de la ganasse, & le faisoit bien manger ; il avoit l’œil bon, jettoit moins, & toutes les apparences du monde estoient qu’il devoit guerir ; je le purgeay, & laissay ensuitte agir la nature toute seule ; le Cheval peu à peu devint de plus maigre en glus maigre, & mourut : Je le fis ouvrir, & luy trouvay le poulmon tout pourry, & je fis tres-mal, comme je l’ay connu depuis, de l’avoir purgé pendant qu’il jettoit ; car s’il jette, la purgation est capable de le faire devenir morveux s’il ne l’estoit pas, comme je l’ay experimenté plus d’une fois depuis.

J’en ay traitté un autre que j’ay fait jetter abondamment avec le remede cy-apres, le luy donnant par deux fois ; je le purgeay, ensuitte je luy donnay trois prises de plottes cordiales dans du