Page:Solleysel - Parfait mareschal - 5è éd., 1680 - tome 1.djvu/556

Cette page n’a pas encore été corrigée
542
LE PARFAIT MARESCHAL.

CHAP.
ⅽⅼⅹⅹⅹⅸ.
De l’étonnement du sabot.


LE titre d’une maladie fait ordinairement concevoir une idée de l’infirmité qui afflige l’animal, mais en celuy-cy l’usage a introduit cette maniere de s’exprimer, qui n’exprime point, & ne fait en aucune maniere concevoir, ce que ce peut estre qu’on appelle étonnement de sabot : puisque le terme est receu & qu’on le nomme de la sorte, je ne m’ingereray point d’en changer le nom, je tâcheray seulement à expliquer le plus nettement qu’il me sera possible, ce qu’on appelle étonnement de sabot, le moyen de le connoistre, ce qui le cause, & les remedes les mieux appropriez pour tâcher à le guerir, & diray de plus qu’on ne le guerit que difficilement, & que tout au moins la cure en est longue.

Premierement il faut sçavoir qu’il y a un os au milieu du sabot qui est à peu pres de la forme du pied, mais beaucoup plus petit, car il est contenu dans iceluy : on l’appelle le petit pied, à cause qu’il ressemble au pied.

On dit qu’un cheval a un étonnement de sabot, lorsque cet os du petit pied se relâche par le bout qui est vis à vis de la pince, & quitte sa place & sa situation naturelle : la chair qui l’entouroit & qui l’unissoit au sabot, se desseche, il reste un creux & un vuide, & comme ce petit pied est relâché par le bout, il s’abaisse, pousse la solle qui le couvroit, & paroist en forme de croissant, comme s’il estoit survenu un autre os sur celuy du petit pied, & qui se produisist au dehors, ce qui n’est pas, mais ce croissant n’est autre chose que l’os du petit-pied qui a quitté sa situation naturelle par le devant, & estant descendu, il excede au dessus de sa place ordinaire & paroist en forme de croissant plus ou moins à proportion, qu’il s’est plus ou moins relâché.

Ce petit pied ne se relâche que difficilement & rarement à l’endroit du talon, parce qu’il est attaché au talon par deux gros nerfs qui le traversent en deux endroits, & qui l’attachent & l’unissent si fortement au pied, que hors de tres-grands accidens, il ne descend jamais que par la pince, & cette pince en demeure vuide, par le dedans il reste un grand espace creux, qui estoit occupé par la chair, qui entouroit le petit-pied, avant qu’il fust relâché, & ne faisoit par maniere de dire qu’un corps du petit-pied & du sabot, parce qu'ils estoient absolument unis, au lieu que l’étonne-