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LE PARFAIT MARESCHAL.

CHAP.
ⅽⅼⅹⅹⅲ.
Onguent du Duc de Neübourg.


MEttez dans un mortier de marbre une once de mercure, ( qui est l’argent vif ) & demie once de soulfre en poudre, remuez les avec le pilon jusqu’à ce que le mercure soit estaint, c’est à dire incorporé avec le soulfre qui deviendra noir, lors adjoûtez dans le mortier quatre onces de graisse blanche, & remuez avec le pilon jusqu’à ce que le mercure soit incorporé avec la graisse, puis mettez le tout dans un poilon sur un feu lent, avec deux livres huile de lin, & demie once huile d’aspic : laissez bien incorporer le tout en remuant doucement avec une spatule de bois, puis adjoûtez therebentine quatre onces, onguent de Pompholix deux onces, & deux onces écailles d’huitres brûlées pilées fort menu, laissez cuire le tout à feu lent pendant un quart-d’heure, puis adjoûtez vert de gris quatre onces, arsonic une once, precipité rouge une once, foltum indum demie once, cantarides demie once, que ces six drogues soient pilees & tamisées fort fin avant de les méler, & les ayant mis dans la bassine, ostez-la de dessus le feu, & remuez sans cesse hors du feu une heure, puis adjoustez demie once couperose blanche concassée, remettez sur un tres petit feu pour tenir les drogues seulement en fonte, remuez sans cesse avec une spatule de bois, jusqu’à ce que le tout commance à se refroidir, se lier & se mettre en consistance, ( ce qui ne sera pas si-tost ) lors versez le tout dans un pot pour le laisser refroidir, & quinze ou vingt jours apres remuez l’onguent afin que l’huile qui surnage, s’incorpore avec l’onguent, couvrez le pot, & dans un mois l’onguent sera prest à employer, & non plûtost, si on l’a remué jusqu’au fonds.

Cet onguent est une espece de caustic : il est admirablement bon pour dissiper les Vessigons, les molettes, les loupes, les sur-os, les poireaux, & les bouttons de farcin ; mesme tout seul il guerit le farcin, il reüssit fort bien estant appliqué sur les javars encornez quand la chair est surmontée, enfin on peut l’appliquer sur toutes les parties du corps du Cheval lors qu’il faut consumer quelque chose, hors à la bouche.

On l’applique à froid en graissant legerement la partie tous les jours, afin qu’il ne cause pas d’enflure ; à un sur-os & un vessigon on en met un emplatre de la largeur du sur-os, & on le lie, le lais-