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PREMIERE PARTIE.

Chap.
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nazeaux avec une corne, la moitié de chaque côte ; & d’abord qu’il aura pris ce remede, il faut le couvrir d’une couverture, le promener en main demie heure, pendant ce temps il luy prendra un battement de flanc comme s’il estoit prest à crever ; mais il ne s’en faut pas estonner, il passera une heure ou deux apres, & le remettant à l’écurie, il jettera fort abondamment.

Le matin & le soir des jours suivans, promenez-le un quart d’heure à la fraischeur si c’est en esté, au Soleil si c’est en automne, le laisser marcher avec la teste basse, & flairer la terre ; il faut toûjours observer de le faire manger bas, afin de faciliter l’évacuation du cerveau.

Vous serez étonné que le Cheval avec ce remede, jettera plus de flegmes & d’ordures dans un jour par le nez, qu’il n’en jetteroit en quinze jours par tous les remedes ordinaires ; veritablement il en faut user avec retenue, puisque si on le donne à quelque Cheval que ce soit, si sain fust il, il le fera d’abord jetter par le nez, & pousser par ce conduit beaucoup de flegmes qui asseurement semblent humeurs corrompuës & gâtées ; mais elles ne le sont, que parce qu’on les a tiré de leur lieu naturel, où elles n’estoient nullement humeurs nuisibles ny corrompues, quoy qu’estant évacuées elles le paroissent ; c’est seulement parce qu’elles sont hors de leur lieu, où la nature qui est sage en eut sçeu faire un tres bon usage. Ainsi il faut seulement le donner à ceux qui sont ouverts, c’est à dire, qui ont commencé à jetter par le nez, ou qui font connoistre que la peine qu’ils ont à jetter procede de foiblesse, ou de manque de chaleur naturelle, comme il arrive souvent; & lors avec utilité de bon succez on peut le donner, parce qu’on suit le chemin que la nature nous trace, laquelle est toujours plus seure que toute autre voye.

Lors que la nature nous fait connoistre que le Cheval se doit décharger & soulager, de ce qui luy nuit & l’empesche de faire ses fonctions, & que ce doit estre par le nez, lors c’est prudemment fait de la suivre, de l’aider & de la fortifier, & sans doute le Cheval s’en trouvera soulagé, comme au contraire il le trouvera tres-mal & mourra, si on fait les choses à contre-temps.

J’ay pratiqué ce remede à des Chevaux hors d’âge de d’apparance de jetter, qui revenoient de l’armée fort fatiguez, maigres & harassez, qui ont jetté abondance de flegmes, & en ont esté soulagez pour un temps, mais non pas sans peril de succomber sous cette violente évacuation ; & quoy qu’elle leur aye profité, je ne conleilleray jamais de la pratiquer, si les Chevaux ne vous
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