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LE PARFAIT MARESCHAL.


CHAP.
cliv.
chaleur, qui fait bouillir & fermenter les humeurs, dont le plus subtil se change en esprits, & ces esprits en eau comme j’ay déja dit.

Les Chevaux boitteux, ou qui ont les pieds douloureux, ou les jambes fort roides, qu’on fait cheminer & faire voyage, deviennent facilement Fourbus, & sont plus difficiles à guerir que les autres, à cause de la fluxion qui estoit déjà sur le pied boiteux.

Je ne puis comprendre pourquoy l’on asseure qu’un Cheval deviendra fourbu, si passant le long de l’eau ayant grand soif, on l’empéche de boire ; je ne l’ay jamais veu, mais bien Ie contraire ; car aux grandes chaleurs, un Cheval ayant fort sué, si on le fait boire sur le soir dans sa chaleur, sans faire ensuite grand chemin, il vient aisément forbu ; si vous l’empechez de boire, pour lors il ne vous en peut arriver aucun inconvenient.

Il y a de la différence entre un Cheval forbu, & un Cheval qui n’est que refroidy ; car après une grande chaleur le froid engourdit les nerfs, sans que les humeurs le fondent & coulent dessus : cette dernière incommodité pour l’ordinaire n’occupe que les jambes de devant, & se guerit assez facilement.

La Forbure la plus dangereuse, est celle qui est accompagnée de fièvre ; on dit de ces Chevaux-là qu’ils font forbus & courbatus & en ce cas il faut donner remède au plus pressant qui est la forbure, car quoy que la fièvre ou courbatture les puisse faire mourir, soulageant la forbure, la fièvre qui luy est accidentelle, cessera, la cause cessant.

Lorsque la Forbure tombe sur les pieds, on s’en apperçoit en ce que la couronne leur enfle, elle se dessoude d’avec la corne : il faut d’abord qu’on le voit, rayer toute la couronne avec des incisions faites de haut en bas, par un bon bistory, & percer le cuir pour donner lieu à cette humeur de s’évacuer, qui sortira en forme d’eau rousse, & ces serositez estant évacuées appliquer là dessus un adstringent de bol, vinaigre, & blancs d’œufs, ou du blanc d’Espagne, qui est de la chaux vive qui s’est amortie d’elle mesme & mise en poudre, faites-en comme une pâte avec de l’eau seconde, appliquez le tout sur la couronne, ou bien avec de l’esprit d in[illisible], qui est le plus excellent adstringent qu’on puisse employer, & continuez, puis lavez les playes avec du vinaigre & du sel ; si on n’apporte cette précaution, le moins qu’il en pourra arriver sera que cette humeur acre & maligne, qui est un acide pénétrant comme de l’eau-forte, par l’acrimonie des sels corrosifs