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LE PARFAIT MARESCHAL.

CHAP.
Ⅸ.
La nourriture des Chevaux qui ne veulent point manger estant malades.


IIL y a des Chevaux malades qui perdent absolument le manger: il faut autant qu’on le peut les délivrer du mal qu’ils souffrent, par le choix des bons remedes, & par une juste & convenable application d’iceux, & sur toutes choses essayer, dans tous les remedes qu’on fera, à leur donner de l’appetit ; & que l’effet du remede soit non seulement pour les guerir, mais encore pour ne les pas dégoûter : pour y parvenir on doit avoir recours à chaque maladie en particulier ; mais à present l’on n’en peut parler qu’en termes generaux. C’est une maxime tres-bonne, qu’on doit faire tout fon possible quand on a un Cheval qui ne veut prendre aucun aliment, de l’obliger à en prendre par toutes sortes de voyes, qui ne sont pas contraires à son mal, afin de n’estre point contraint à luy en donner par force &: avec la corne, comme c’est l’usage ordinaire : car estant obligé d’en venir là, il luy faut lever la telle avec la corde, ce qui le contraint beaucoup ; & quand il a la fiévre, elle l’augmente, ne pouvant avoit librement son haleine. Ce n’est pas qu’on ne puisse faire avaller un breuvage à un Cheval, sans se servir de la corde ; mais les incommoditez que nous venons de dire ou une partie s’y trouvent toûjours.

Je ne puis approuver le procedé de ceux qui ayant des Chevaux qui ont perdu le manger depuis douze ou quinze heures, soit qu’ils ayent la fievre ou non, leur donnent d’abord une ou deux peintes de lait avec des jaunes d’œufs : ils croyent avec cette nourriture bien restablir leurs Chevaux, de tout le desordre que les jeûnes precedens leur ont fait souffrir ; mais outre qu’il n’y a nul péril de laisser une couple de jours un Cheval sans manger, cette nourriture est tres-peu convenable à leur estomac, elle est plutoft capable de leur faire du mal quand ils n’en auroient pas ; d’ailleurs le lait qui est d’une bonne & facile nourriture, a cela de commun avec tous les bons alimens, qu’il se corrompt aisement dans un estomac déreglé, il se caille &c donne de violentes tranchées, & s’il ne sort pas par la bouche, ce qui ne peut arriver aux Chevaux qui ne vomissent point, il s’endurcit & fait des obstructions de consequence. Aussi Hippocrate qui le conseille dans plusieurs rencontres, le deffend avec raison dans