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LE PARFAIT MARESCHAL.

Chap.
ⅽⅸ
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cera à se bien méler, adjoûtez au tout quatre onces verd de gris en poudre tres-fine, faites cuire à feu lent en remuant, puis ôtez du feu & adjoûtez encor borax pilé fort fin deux onces, & six onces de chaux vive en poudre tres-fine, & remuez jusqu’à ce que le tout soit froid.

Cét onguent sera beau & vert, d’une consistance de cerat : pour l’appliquer, il faut à froid en oindre les playes, & les poudrer de vieille corde pilée, les tentes en doivent estre couvertes.

Il déterge, guerit & consolide, empéche la chair de surmonter, il ne rudoye point une playe & la conduit bien tost à cicatrice ; celuy qui s’en servira, trouvera qu’il est excellent.


CHAP.
ⅭⅩ.
Des Eauës d’Arquebuzades, ou Potions Vulneraires.


LEs Chevaux qui reçoivent des coups de fusils, de mousquets & de pistolets, ne peuvent toujours estre traittez avec de grandes incisions, particuliérement dans les chaleurs à l’armée, où l’on n’a pas des lieux commodes pour mettre les Chevaux à l’abry du Soleil, & à couvert des mouches.

Pour sçavoir le fonds de ces playes, & en connoistre la grandeur, il faut les sonder avec une longue sonde de fer, car on ne peut faire autrement : pour cét effet il faut les placer en la mesme posture qu’ils estoient, quand ils ont receu le coup : Les mousquetades sont ordinairement si profondes, qu’on ne peut y porter ny onguent ny poudre jusqu’au fonds ; on a inventé à cette occasion l’eau qu’on appelle d’Arquebuzade, avec laquelle on fait injection dans la playe, plusieurs fois le jour : on met une tente moüillée pour tenir la playe ouverte, on applique un linge moüillé sur l’ouverture comme on le peut, & on en fait boire une demie chopine au Cheval tous les jours ; & ainsi l’on guerit les playes, qui sans ce secours feroient mourir un Cheval ; ce n’est pas qu’il n’en periss une fort grande quantité, mais quand on a fait ce qu’on a dû, il ne reste aucun regret, puisque ce n’est pas faute de soin.

S’il y a fiévre, il faut avoir recours aux lavemens avec des scories & se donner de garde de luy faire avaller de l’eau d’Arquebuzade, car ces potions sont composées avec des simples presque tous chauds, qui augmentent le feu & l’agitation des humeurs, qui se precipiteroient vers la partie blessée ; mais il arrive souvent que des Chevaux avec de grandes blessures, sont sans fiévre :