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PREMIERE PARTIE.

Chap.
ⅹⅽⅵ
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Cheval pourra estre gueri : on doit faire cas de ce remede, car il peut empécher un Cheval de faire pied nœuf : l’onguent de la Comtesse est bon aussi pour affermir une sole baveuse, & mole.


CHAP.
ⅩⅭⅦ.
Du Cheval qui fait pied-neuf.


FAire pied-neuf, est lors que tout le sabot tombe absolument, & que le petit pied demeure tout à nud attaché au pivot & à la noix du paturon, par des nerfs qui le croisent par dessous, & l’entourent, & on voit cet os qui est assez spongieux, couvert de chair. Nous nommons cet os le petit pied, qui est contenu dans le sabot, ce sont ces nerfs qui estant piquez par des clous de ruë causent de si grands maux aux Chevaux, que souvent ils en sont estropiez : puis vous asseurer que cet os du petit pied, qui est enfermé du sabot, est tombé quelquefois en deux ou trois reprises, ayant esté éclaté par des clous de ruë qui l’avoient percé ; & finalement il n’est point resté de petit pied, mesme il est tombé tout entier à deux autres Chevaux, par des clous de rue, lesquels sont enfin gueris ; mais n’ayant plus de petit pied ils n’ont esté propres qu’à labourer, ayans toujours boitté. Je voudrois demander à ces Messieurs, qui ont des onguents qui n’ont jamais manqué clou de ruë ny autre, à ce qu’ils disent, s’ils auroient guery ces Chevaux, & s’ils auroient empéché la chutte de cét os, & s’il falloit necessairement qu’il sortist, comme cela est sans doute, puis que s’estant desseché & pour ainsi dire comme mort, il estoit comme un corps étranger dans le pied. Seroit il sorty sans le dessoler comme ils nous l’assurent ? nous avons ces mesmes onguents qu’ils vantent si fort, & peut-estre de meilleurs, cela ne suffit pas ; il faut l’operation de la main, & si nous y sommes fort embarrassez : mais il faut excuser ceux qui se vantent de la sorte ; car ils n’ont jamais veu de grands maux lesquels on ne voit gueres ailleurs qu’à Paris, à cause du tracas des bouës & de l’embarras des ruës : j’ay veu mesme une personne de qualité & de merite qui m’avoit fait si souvent l’éloge de son onguent que j’en estois fatigué, comme n’ayant jamais manqué clou de ruë ny autre. Cét homme de qualité ayant un de ses Chevaux blessé d’un clou de ruë, & le petit pied piqué bien avant, son onguent n’ayant pas succedé selon son desir, car le Cheval boittoit comme le premier jour ; il me vint prier de le voir. Je fis faire une tres-grande ouverture & connus qu’il y avoir une esquille à détacher ; je le fis panser