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LE PARFAIT MARESCHAL.

Chap.
ⅼⅹⅹⅹⅸ
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& le fer apliqué à demeurer ; crainte de nuire au jarret, en levant le pied dessolé pour le panser, je laissay le tout six semaines entieres sans y toucher, au bout de ce temps, la sole se trouva si bien rétablie qu’on n’auroit pas crû qu’il eut esté dessolé, & cela par un seul appareil de therebentine, miel & tarc égalles parties. J’ay donné cet exemple pour desabuser ceux qui se font une affaire de guerir un Cheval dessolé, car assurément s’il n’y a point d’autre mal dans le pied, un seul appareil le peut guerir. Mais toutes les précautions que j’ay donné cy-devant, sont pour les pieds où il y a d’autres maux, pour lesquels on a ôté la sole.


CHAP.
ⅩⅭ.
Des Fics ou Crapaux qui naissent dans les pieds des chevaux.


UN fics est une excroissance de chair spongieuse, & fibreuse, quelquefois en forme de poyreau : elle naist dans les pieds qui sont forts, élevez, & creux, & qui ont le talon large, & presque jamais aux pieds foibles minces & plats : les fics viennent presque toûjours à la fourchette au haut, ou à costé, & s’ils paroissent ailleurs, c’est ordinairement par nostre faute. Si on les laisse fort enviellir, où qu’on les desseche avec des onguents forts, on leur fait prendre une autre voye : ils coulent jusqu’au coin de la sole du talon, des quartiers ou de la pince. La mesme chose arrive quand on les panse mais on les fait estendre & s’attacher au tendon ou au petit pied, lors ils soufleront ou monteront au poil, & paroistront à la couronne, & toujours avec pourriture & puanteur. Les fics sont abreuvez & nourris d’une humeur qui vient des nerfs ; laquelle estant privée des esprits qui la maintenoient pendant qu’elle estoit dans le nerf, degenere en une tres-grande pourriture, qui donne beaucoup de peine à vaincre, & cause cette puanteur, parce que d’autant plus qu’une matiere a esté parfaite, quand elle degenere de cette perfection, & qu’elle vient à se corrompre, lors elle est infiniment plus corrompuë qu’une autre matiere qui auroit moins eu de perfection, & la difficulté de l’extirper est toujours plus grande, corruptio optimi pessima, en sorte qu’à moins que les remedes soient bien appropriez & appliquez à temps, le Cheval en demeure estropié.

Les fics qui paroissent dans les commancemens à la fourchette, rarement font boitter les Chevaux : mais s’ils sont mal pansez, desséchez, ou qu’on les aye laissé fort enviellir sans y donner reme-