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LE PARFAIT MARESCHAL.

CHAP.
XLI.
L’Orvietan.


PRenez sauge, rhuë, romarin, galega, de chacun une manipulle, chardon benit, dictame de Crete, racines d’imperatoire, d’Angelique de Boheme, bistorte, aristoloche ronde & longue, fraxinelle, galanga, gentiane, costus amer, calamus aromatique, semences de persil, de chacune une once, bayes de laurier & de genevre, de chacune demie once, canelle, giroffle, noix muscade, de chacun trois dragmes, terre figillée préparée en vinaigre, & theriaque vieille, de chacun une once, poudre de viperes quatre onces, noix séches & mondées, mie de pain de froment desséchée, de chacun huit onces, miel écumé sept livres, soit fait électuaire selon l’art.

Il faut hacher les noix mondées, & les piler avec la mie de pain desséchée, puis les faire passer par le tamis renversé, à la façon des pulpes, & adjoûter les poudres & autres matieres : finallement le miel & la theriaque, qui sera le levain pour faire plus promptement fermenter le tout.

Vous avez la veritable description de l’Orvietan, je puis l’assurer de la sorte, puisque j’ay veu que c’estoit le mesme goût, l’odeur, la couleur, les effets, & la consistance aussi, de mesme que le bon Orvietan ; vous pouvez donc la faire dispenser avec toute confiance, & vous en servir comme il suit, non seulement pour les Chevaux, mais utilement pour les Hommes, ce qui est assez connu à Paris & ailleurs, où il se trouve tout composé.

Comme le galega, qui est la quatrième drogue de cette composition, n’est pas extremement connuë hors de Paris, je vous donne avis qu’on la nomme autrement, ruta capraria & lors qu’on n’en trouve pas, on subftituë le pentaphilon, mais le galega est meilleur.

Ceux qui le voudroient avoir excellentissime, pourroient avec les quatre onces de poudre de viperes, y mettre quatre onces de cœurs & foyes de viperes, mais ce seroit pour des Hommes seulement, ou pour des Chevaux de prix.

L’Orvietan se conserve long temps, il est admirable en cent occasions, & partout où l’on ne craint pas d’échauffer, & que la chaleur est bonne : il profite beaucoup aux Chevaux qui ont l’estomac debile, & qui mangent peu ; à ceux qui sont dégoûtez & ont mangé herbe, ou beste veneneuse, ou qu’on soupçonne d’estre empoisonnez, par breuvages ou autrement. Il restablira