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LE PARFAIT MARESCHAL.

Chap.
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celle qui suit le mouvement de la Lune, ou l’autre ce qui perd & consomme les yeux ; c’est une pensée que j’ay tirée d’un Livre qui traitte des Chevaux, fait par un nommé Jean Taquet : Il dit expressement que ce n’est pas l’avoine par sa substance qui fait perdre les yeux aux Poulains en les échauffant trop, mais seulement par l’effort qu’ils font en la mâchant, & pour empescher ce desordre, il conseille qu’on fasse moudre l’avoine pour les Poulains, & que la mangeant de la sorte ils seront plus forts & robustes sans que jamais elle leur cause fluxion, ny mal aux yeux: Comme je n’avois jamais veu cette observation en aucun Autheur, je vous l’ay voulu donner, & vous laisser la liberté d’en faire le jugement qu’il vous plaira.

II y a des Chevaux qui deviennent lunatiques à l’âge de huit ou dix ans, qui avoient toujours eu les yeux beaux : c’est un heritage que l’Estalon leur a laissé. Le Tonnerre & les éclairs dans les grands orages quand les jeunes Chevaux en sont attrapez en Campagne peuvent les rendre lunatics, ou tout-à-fait aveugles.

Si on travaille beaucoup un Cheval atteint de la Lune, il deviendra plûtost aveugle qu’il n’auroit fait, la chaleur & les grands froids luy sont contraires ; enfin, c’est une maladie dont peu de Chevaux sont attaquez sans perdre les deux yeux, ou tout au moins un : car les remèdes ne succedent pas en tous les sujets, & souvent il ne faut pas blâmer les remèdes pour ne pas guerir des maux d’yeux, il suffit qu’ils puissent profiter en plusieurs rencontres.


CHAP.
ⅩⅩⅩⅥ.
De l’Emorragie.


L’Emorragie est une perte de sang par le nez ou par la bouche, causée par une abondance de sang, parmy lequel il s’est glissé quelque liqueur pleine d’esprits & de sel, qui l’aura fait bouillir & fermenter, en sorte que les Vaisseaux destinez à le contenir n’en seront pas capables, ainsi il se rompra quelque veine qui fournira ce sang que l’on voit sortir par le nez du Cheval, cette liqueur a esté poussée dans le sang par un excez de chaleur causée par les fatigues extraordinaires dans les grandes chaleurs ; La cause peut venir aussi lorsque le sang est échauffé & subtil, soit par la nourriture precedente donnée en trop grande abondance, ou qui péche dans sa qualité, ou des fatigues qui le font boüillon-