de Provence qui avait pris le titre de régent en raison de la captivité du roi et du dauphin » !
La dixième lettre de l’alphabet étant J, le nom de l’intermédiaire devait commencer par un J, et, de fait, en certains passages, la reine le désigne par cette lettre. Qui pouvait-ce être sinon le comte François-Augustin Régnier de Jarjayes ?
Cette identification concorde avec les indications des contemporains et avec ce que nous savons de Jarjayes et de sa femme. Mme Campan raconte que la reine la mit au courant de ses relations avec les constitutionnels par l’intermédiaire de Jarjayes[1]; il est bien douteux que Marie-Antoinette lui ait fait pareille confidence, mais elle était cependant bien placée pour voir et entendre. En 1850, le vieux marquis de Jaucourt fit passer là-dessus un renseignement à Sainte-Beuve[2] : la reine mettait sa lettre cachetée dans la poche de Jarjayes ; Barnave l’y replaçant, après l’avoir lue et recachetée. Il est plus probable que Jarjayes n’a pas rempli souvent cet office de boîte aux lettres et que sa femme, à l’intérieur des Tuileries, servait d’intermédiaire entre lui et la reine.
Sur les Jarjayes, nous ne possédons pas d’ouvrage biographique, et c’est Théodore de Lameth qui nous a parlé d’eux le plus longuement[3]. François-Augustin Régnier de Jarjayes était né à Grenoble en 1745 ; il était donc le compatriote de Barnave, mais beaucoup plus âgé que ce dernier. En 1791, il était maréchal de camp et remplissait des fonctions aux bureaux de la guerre. Il était le neveu du lieutenant-général Bourcet, l’écrivain militaire bien connu, et avait d’abord servi sous ses ordres ; mais ce qui probablement hâta surtout son avancement, ce fut son mariage avec Marguerite Quetpée de Laborde, veuve de l’Allemand Hinner, harpiste réputé, et l’une des deux femmes de chambre survivancières de la reine (l’autre était Mme Campan). Fersen mentionne une