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Au point de vue du droit civil^ comme du droit ecclésiastique^ la iille de l'émir était épouse illégitime. Or il s'agit de savoir laquelle des deux femmes représentées est la vraie comtesse. Les figures^ les costumes sont identiques. On ne peut que se demander laquelle était à la droite du comte.

Chez nous^ on donne le bras gauche à sa femme légitime ; en Alle- magne^ c'est le bras droit. Le sculpteur s'est-il conformé à cette règle, et; dans l'affirmative^ a-t-il considéré^ comme étant la droite^ celle du spectateur^ ou celle de la figure du comte de Gleichen ?

On voit que la question peut parfois donner lieu à controverses^ puisqu'en droit^ il faut bien le dire : Die heidc Gleichen sind nicht gleich .

M. dp: raadt fait remarquer que l'histoire du comte Ernest de Glei- chen le Bigame est une légende analogue à celle de Gillon de Traze- gnies_, mais appuyée d'une série de faits positifs : i° le costume d'une des deux femmes est oriental, turc ; 2° l'existence d'un chemin carrossable conduisant au château de Gleichen, et nommé Tiirkenweg, parce que, dit la tradition^ la libératrice du comte l'aurait fait tracer ; 3° le nœud qu'elle portait sur la tête a été conservé longtemps aux archives de Tonna^ puis au château de Spiegelberg^ etc.

Toutefois les faits ne remontent pas au moyen âge : ce n'est pas dans une croisade que le comte fut fait prisonnier^ mais bien dans une guerre de la seconde moitié du XV^ siècle^ contre les Turcs^ soit en Hongrie^ soit dans un des pays voisins.

Si; cependant; le monument a un caractère un peu plus archaïque^ cela s'expliquerait par le fait que le sculpteur se serait inspiré; surtout pour les costumeS; des autres œuvres similaires qu'il avait sous les yeux. Néanmoins; certains détails ne permettent pas d'attribuer la tombe à une époque plus reculée.

Voilà les conclusions d'un auteur allemand; M. de TettaU; qui a publié à Erfurt; en 1867; un essai critique sur les sourceS; la forme pri- mitive et les transformations successives de la légende.

La séance est levée à 10 heures 1/2.

^Mé