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l'épée des Normands, l'année suivante, dans le désastre de Remich.

Abusant de l'autorité qu'ils avaient reçue de l'empereur, qui leur avait concédé l'avouerie de plusieurs abbayes du diocèse de Metz, Etienne, Gérard et Matfrid exerçaient des vexations intolérables sur les malheureux tenanciers de ces monastères.

Wala, par l'emploi des foudres de l'Eglise, les amena à résipis- cence et leur fît restituer tout ce qu'ils avaient usurpé ' .

Ce n'était pas seulement l'Église de Metz qui avait à se plaindre de ces comtes turbulents et rapaces. En 894, l'évêque de Toul se rend auprès de l'empereur Arnoul à Constance et, l'implorant avec larmes, lui dépeint le triste tableau des misères souffertes par son église, du chef d'Etienne, de Gérard et de Matfrid. Exerçant leur malice à son égard de toutes manières, ils ont ravagé, par le pil- lage et l'incendie, presque tout son domaine, et l'ont réduite aux dernières extrémités. Prétendant posséder, par droit d'héritage, l'avouerie du monastère de Saint-Evre, ils en ont profité pour élever, aux portes mêmes de Toul, un château fort, en violation des libertés concédées à la ville et à ses évêques par le roi Dago- bert, aux termes desquelles aucune construction fortifiée ne peut être établie à moins de quatre lieues de ses murs. Arnoul convoque, à la Diète de Worms, les auteurs de ces méfaits. Ils viennent y solli- citer leur pardon après avoir reconnu leurs torts et versé 70 livres d'argent d'amende.

Les libertés de Toul sont solennellement confirmées à la prière de Zventibold, fils d'Arnoul, dont l'intervention paraît avoir été fort efficace ^.

Zventibold avait conçu, contre Matfrid et ses frères, un sentiment d'hostilité qui se traduisit — lorsqu'il fut en possession du pouvoir, grâce à la cession que lui fit son père d'une partie de ses États, en 897 — par une mesure radicale. Il les dépouilla tous les trois de leurs biens '^.

1 Carhilaire de Sai7it-Plerre de Metz, cité par D. Calmet, Hist. de Lorraine, I, 762.

^ Le Gallia Christiana, XIII, Inslrum., col, 451, donne à cette pièce la date vague de circà 888.

Voir D. Calmet, Preuves, I, 325.

•^ EcKHART, II, 772. — RÉGiNON, ap. Pertz, I, 607. Ce fut sans doute pour venger la mort du meurtrier de saint Maingaud, le comte Aubri, assassiné à son