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I

Vers cette époque, un incident se produisit qui dut tendre sinoru- lièrement les rapports entre Matfrid et son jeune souverain. Mat- frid avait marié sa fille Ens^eltrude à Boson, neveu de Richard dont nous avons parlé plus haut, et dont la mère était sœur de Teutberge •.

Lothaire II venait précisément de répudier Teutberge. Aussi ne faut-il pas s'étonner qu'il ait accueilli volontiers, dans ses Etats, Engeltrude qui, à peine mariée depuis un petit nombre d'années, avait, en 856, abandonné son mari, dont elle avait eu cependant deux filles, pour s'enfuir avec un chevalier nommé Wanger -.

Un des capitulaires de l'an 862 a pour but d'exiger de Lothaire qu'il cesse de donner asile à la fugitive ^.

Mais tous les efforts de l'autorité civile et religieuse furent impuissants à rétablir l'harmonie dans ce ménage. Le légat du pape, Arsenio, essaya vainement d'amener Engeltrude à résipis- cence ; et l'on accusa, plus tard, Boson, qui ne pouvait, d'après les lois de l'Église, rompre judiciairement cette union, d'y avoir mis fin, par un procédé des plus contestables, en faisant empoisonner Engeltrude, afin de pouvoir se remarier avec Ermengarde, fille de Louis II de Germanie '\

^ Les annales d'Hincmar portent qu'en 869 I^oson, fils du feu comte Buvin, alla chercher sa sœur Richilde apicd matrcm et viaterteram siiam, Thcutbergam Lotharii régis rclictam. Donc la femme de Buvin était sœur de Teutherj^e (Pertz, Sa-ip tores, I, 489).

Buvin est cité, en 842, comme exécuteur testamentaire de son frère germain Richard, jadis comte illustre; il donne, à ce titre, à l'abbaye de Prûm, la terre de Vilance, en Ardenne, que Louis le Pieux avait concédée à Richard, dans un diplôme où il le qualifie ostiarms noster (Hontheim, Hist. Trevirensis, L — ('f. le précepte impérial de 842 et la confirmation par Lothaire II, en 865. D. Mar- T EN E , A viplissima collcclio, I , ici).

2 F^ngeltrude avait quitté Boson déjà depuis sept ans, lorsqu'elle fut excom- muniée pour adultère en 863 (Amiales d' Hincmar, ap. Pertz, Scriptores, I, 465; RÉ(ii.\ox, ibid., I, 573). Klle eut, de Wanger, un fils nommé (ieofiroy, au- quel elle fit une cession illégale de ses biens, au détriment de vSes filles (Lettre du pape Jean VIII à l'évèque Luitbert).

3 ECKHART, II, 494.

  • Cette grave imputation est consignée dans les annales de Fulde (ap. Pertz,

I, 392), Arsenio avait obtenu d'Engeltrude, qu'on avait arrêtée, un engagement écrit de se soumettre à la décision (jue l'autorité religieuse jugerait à propos de prendre quant au châtiment de ses fautes; et, dans cet écrit, elle se qualifiait ainsi : « F^go Kngeltrudis, filia cpiondam Matfredi ('omitis, quic fui uxor Boso- nis comitis », ce qui ne veut pas dire (ju'elle eût i)erdu son père et son mari.