— 53 —
Mais cette tentative de Lothaire ne devait pas aboutir. Son
armée fut mise en déroute, et il dut abandonner ses complices, heureux d'obtenir grâce pour lui-même. A la suite de ce désastre, Matfrid fut condamné à mort. Toutefois l'empereur lui fit grâce de la vie, des membres et de la fortune privée, mais ne lui rendit pas sss charges publiques. Matfrid exilé se retira en 831, avec l'abbé Wala et le grand chancelier Elisachar, auprès de Louis le Germa- nique, second fils de l'empereur. Les excitations de ces exilés déter- minèrent bientôt le prince à fomenter une nouvelle révolte, de concert avec ses frères. Elle éclata en 833, et le résultat en fut cette fois tout autre : l'empereur fut arrêté et dépouillé du trône ^
A ce moment (834), un historien nous montre Matfrid et le mar ■ quis Lambert se disputant le second rang à la Cour de Lothaire et faisant passer ces préoccupations ambitieuses au-dessus du souci de défendre les contrées qui leur étaient confiées. Lothaire, cependant, assez inquiet de ce qui se passait dans les marches de Bretagne, les y envoya tous deux sur la fin de l'année. A peine y avaient-ils rassemblé une armée qu'elle fut attaquée par Eudes, le rival de Matfrid, et par son frère, Guillaume, comte de Blois. Mission leur avait été donnée d'appréhender Matfrid et Lambert et de les rame- ner morts ou vifs. Mais ces assaillants se heurtèrent à des forces supérieures qu'ils ne soupçonnaient pas ; leurs troupes furent tail- lées en pièces, et ils périrent dans la déroute -.
Matfrid resta, dès lors, à la Cour de Lothaire et fut une des victimes de la terrible peste qui, dans l'automne de 836, enleva les plus hauts dignitaires de cette cour, notamment le marquis Lambert de Nantes et le duc d'Alsace Hugues, ancien comte de Tours ^.
Le second comte du nom de Matfrid apparaît, en Fie^nce, en 843. On rapporte que Rothold, abbé de Saint- Vaast d'Arras, étant mort, l'abbaye fut donnée au laïc Matfrid. En 844, Charles le
' Id., II, 256 (Annal. Bertiniani, ap. Pp:rtz, I, 425).
^ Id., II, 271 (Annal. Xantenses, ap. Pertz, 226. — Einnardi Annal., ap. Pertz, I, 360, Annal. liertiniani, ib., I, 428, — Adrevald donne une narration détaillée de cette campagne, ap. Pertz, XV, 487).
^ Id., II, 293 (Thegan, ap. Pertz, II, 602, dit de Matfrid, en enregistrant sa mort : Krat maximiis incentor omnium illorum maloriim).
