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laissé le récit le plus détaillé de la cérémonie. Voici quel était l'ordre du cortège : D'abord le maître du sacré palais, la verge à la main, faisant fonctions de chef du protocole. Puis l'empereur ayant à sa droite l'archichapelain et à sa gauche le grand chancelier ; Lothaire, son fils aîné, ayant à ses côtés le roi Harold. Enfin la reine Judith, immédiatement suivie du comte Matfrid et de Hugues, comte de Tours, beau-père de Lothaire, tous deux portant la cou- ronne ducale sur le front et couverts de vêtements tissés d'or, selon l'étiquette franque. Après eux vient la reine de Danemark qu'es- corte l'abbé de Saint-Martin de Tours.

On voit que Matfrid joue le rôle tout au moins d'un des grands officiers de la couronne. C'est lui d'ailleurs que l'empereur a envoyé au-devant des souverains danois pour les recevoir à l'entrée de la ville d'Ingelheim *.

La haute faveur de Matfrid fut bientôt suivie d'une complète disgrâce. Les invasions des Bretons s' étant multipliées, le comte Matfrid ne fut pas assez heureux pour leur opposer une résistance suffisante. On l'accusa d'inertie, et cette imputation prit un carac- tère si grave que l'empereur se décida à le révoquer.

Matfrid, indigné de ce traitement, se retira près de Lothaire, fils aîné de l'empereur, et, de concert avec Hugues, beau-père de ce jeune prince, il l'excita à se révolter "^.

Lothaire écouta ces pernicieux conseils ; il leva l'étendard de la rébellion et s'empara d'une partie de la France. En 830, Matfrid fut remis par lui en possession du comté d'Orléans qui avait été donné à Eudes, ancien bouteiller du roi ^.

' Id., lib. IV, vers. 2^^-\2\, ap. Pertz, II, 507, 509.

Agobard, archevêque de Lyon (813-841), dans une épître où il sollicite la haute protection de Matfrid pour le soustraire aux persécutions de ses ennemis, le qualifie dans l'intitulé : Virorum prœstantissimo atque ilhistrissimo , et à la fin de sa lettre : Dei minister et consentaneus Impcratoris adjutor.

Jonas, évêque d'Orléans, adressa au comte Matfrid, pendant son principat dans cette ville, ses trois livres de Instihttkme laicali que D. Luc d'Achery a édités dans son Spicilègc (Agobardi opéra, éd. Migne, Patrologie, CIV, i86),

^ Id., II, 242. En 829, Matfrid était certainement arrêté et sous le coup de la menace d'une confiscation. Un capitulaire de cette date ordonne la publication d'un ban faisant connaître, à toutes personnes ayant conclu avec Matfrid des actes transmissifs de propriété, qu'elles peuvent produire leurs réclamations pu- bliques à un plaid, où elles seront confrontées avec Matfrid (Chiniac, Capitu- laria, I, 674).

^ EcKHART, II, 247 (L'Astronome, Vita Ludovici, ap. Pertz, II, 633).