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Conseil de Brabant estime que les circonstances actuelles n'exigent pas une précaution aussi extraordinaire K

Le Conseil Privé engagea donc les gouverneurs à s'en tenir aux dispositions déjà prises pour parvenir à la découverte et à l'expor- tation des armes en question ^, mais en recommandant aux conseil- lers fiscaux d'être attentifs et de se procurer toutes les informations possibles.

D'ailleurs, l'envoi de commissaires pour découvrir et saisir ces armes avait eu grand succès en Campine, au quartier d'Anvers et dans quelques autres cantons. Le commissaire de Blûmenthal avait à lui seul saisi au delà de 15,000 fusils.

En 1789, à la veille de la Révolution, les plaintes du public étant générales, le Gouvernement avait dû rapporter son ordonnance sans en avoir retir.é d'autre résultat que celui d'aigrir davantage les esprits et de prouver sa faiblesse.

Le Conseil Privé conclut par conséquent à renoncer à cette ordonnance, et son avis fut suivi par les gouverneurs '^.

Un épisode amusant de cette chasse aux armes des insurgés fut la perquisition extraordinaire faite à l'abbaye de Tongerloo.

On sait le rôle considérable que cette abbaye joua dans la Révo- lution brabançonne. Il n'est donc pas étonnant que les Autrichiens ne lui aient pas ménagé les vexations.

Les religieux et les domestiques de l'abbaye avaient obstinément refusé de donner leur déposition au sujet des armes et munitions de guerre que les Autrichiens prétendaient être cachées dans le couvent. Malgré les menaces, ils n'avaient rien obtenu. C'en était

^ Bruxelles, le 20 mars 1792.

- Le département militaire avait vendu une grande partie des fusils des insur- gés à la maison Ozy (Jean Ozy et fils, à Rotterdam) pour les transporter en Zélande et de là les expédier aux Indes. Le Gouvernement s'opposait à l'expor- tation en France pour ne pas favoriser la révolution qui grondait là-bas et empê- cher les Français de faire usage de ces fusils contre la Belgique. Une surveillance active était organisée à cet effet. C'est ainsi qu'aux portes de Tournai on avait arrêté un homme déguisé en femme qui avait caché sous ses jupons six sabres semblables aux armes employées par les officiers des insurgés. Il voulait fournir clandestinement des armes aux bourgeois de Tournai, outrés partisans de la démagogie française. Bref, le Gouvernement cherchait par tous les moyens à mettre les armes hors de portée des ennemis intérieurs et extérieurs. (Extrait du protocole du Conseil Privé, le 25 avril 1792, même carton.)

3 Extrait du protocole du Conseil Privé, du 31 mars 1792 (même carton).