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Il y a des types analogues dans l'art italien, sous le nom de Crivelli. Mais la superbe facture néerlandaise de cette œuvre très bien conservée, et sa couleur à laquelle on ne trouverait rien de pareil ailleurs que sur les meilleurs tableaux de G. David, nous engagent à lui assigner ce volet.

Déjà au Musée Calvet, d'Avignon, dont le très obligeant et dis- tingué conservateur, M. Labaude, a bien voulu nous faire obtenir de M"'^ veuve Michel la phototypie d'une Adoration de l'Enfant (n° 384), que nous reproduisons, nous avions pu remarquer le caractère flamand de ce tableau dont l'analogie avec celui de Van Eyck, à Bruges : le Chanoine van der Paelen, est évidente. Comme on le voit sur la photographie exécutée par M. J.-B. Michel pour un ouvrage intitulé : Le Livre d^or dit Musée Calvet , ce panneau a souffert en plusieurs endroits et la figure de l'Enfant a été retou- chée, ce qui lui a donné sans doute l'aspect un peu idéalisé qui n'est pas ordinaire sur les œuvres flamandes. Mais, il est nécessaire de faire observer son attitude, qui est une réminiscence de celle qu'a choisie Van Eyck dans son tableau de l'Académie de Bruges, comme aussi les mains du personnage agenouillé qui est évidem- ment un prince méridional du temps de Louis XII. Les exemples du triptyque des Médicis, de celui de Martin V, du Buisson ardent, d'Aix, des tableaux des Raggi et de ceux de Frument, à Naples, permettent de croire que cette Adoration fut commandée à un Flamand, par ce personnage dont la femme ou la fille figure ici sous l'aspect de la Madone. La construction romane de la poterne que l'on voit au fond de la cour indique un château-fort très ancien ; mais rien n'oblige à croire que ce bâtiment soit italien ou provençal. Il date de l'époque romane, voilà tout. L'aspect de l'armure noire, de la chevelure du donateur, et de la coiffe de la donatrice, est assurément italien, mais il n'y a rien de plus. Le man- teau de la Vierge, le pavement et toute la figure de l'évêque, patron peut-être du prince, plaident en faveur de Gérard David et le rendu à la fois flou, magistral et vigoureux, est absolument digne de ce maître (voir planche, page 401).

M. Waagen, directeur du Musée de Berlin, a vu autrefois ce tableau, et l'a attribué à Gérard de Saint-Jean ou de Haarlem, élève d'Albert van Ouwater et que l'on croit le père de Gérard David. Cette opinion est téméraire par le fait même des dates, car

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