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style de Cologne avait pu exercer sur nos artistes. Toujours ceux-ci se sont montrés profondément respectueux de l'art religieux de l'Italie, tout en transformant les types de cet art, grâce à leur ten- dance personnelle et naturaliste. La source des deux écoles fut la même ; Cologne se rattacha étroitement à la tradition romano- byzantine, mais ne put empêcher le goût flamand de déborder dans son école. Cette liaison apparente a fait naître la légende de la suprématie de Cologne.

Mais à Pérouse, un sujet de Berto di Giovanni, à Florence un retable de G. da Fabriano, les fragments tirés de Mantegna, un tableau de Signorelli, aux Offices, les rapports étroits entre la Flandre et les artistes italiens tels que Antonello, Brea, Rondi- nello, le Zingaro et son école, le Ghirlandajo, sont suffisants pour établir que si nos peintres du xv^ siècle ont conservé des formes plutôt triviales, ce ne fut pas à défaut de moyens d'idéaliser, mais parmi parti-pris de vérité instinctive. On s'explique ainsi certaines transformations temporaires, dans le rendu des artistes flamands. On comprend comment il fut possible à Gossart, à Van Orley par exemple, d'être tantôt purement flamands, tantôt italiens ; et les types d'Enfant divin surtout, d'ordinaire souffi-eteux, rachiti- ques^ dessinés avec peine d'après nature, se sont modifiés en de rares occasions de façon à se rapprocher des belles formes méridio- nales.

Plus rarement encore, on trouve une figure de Vierge d'une correction de lignes qui semble exclure l'imitation d'un modèle flamand, parfois un type d'homme paraît provenir du Midi. Mais le style de Van Eyck a toujours dominé.

A vrai dire, ces particularités ne devraient pas surprendre, mais on s'est habitué à regarder les peintres flamands du moyen âge comme des ouvriers de routine, incapables de sortir d'un manie- ment de pinceau appris dès l'enfance, et de dépasser les limites d'imitation de ce qui les entourait.

Dès qu'il est admis que plusieurs ont voyagé au loin, ont exécuté des commandes à l'étranger, on ne peut se refuser à croire que l'autorité et l'exemple de rivaux italiens ont dû quelquefois provo- quer en eux un effort. Nous en avons trouvé deux exemples très curieux en Gérard David, l'un des plus casaniers peut-être de nos peintres de transition.