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galeries, n'est pour nous qu'un moyen d'arriver à dégager la person- nalité de deux grands artistes de la transition qui, malgré leur origine hollandaise, ne peuvent être classés que dans l'Ecole flamande.

L'un d'eux surtout, maître longtemps ignoré (après avoir joui d'une réputation extraordinaire comme continuateur du peintre de l'hôpital Saint-Jean), a groupé inconsciemment autour de lui et de son œuvre une vraie pléiade d'hommes de talent, parmi lesquels on peut compter des miniaturistes célébrés par les lettrés de leur époque. Les détails que nous allons rassembler sur l'œuvre de Gérard David seront utiles, nous l'espérons, pour la constitution d'une monographie définitive de cet émule de Memling.

Malgré les récentes et remarquables découvertes de quelques savants chercheurs qui ont, presque simultanément, projeté une lumière intense sur les arcanes de notre art du moyen âge, il reste encore plus d'une énigme à élucider et il est temps de faire parler surtout les œuvres elles-mêmes pour compléter les renseignements, souvent contradictoires, que fournissent les archives.

Parmi ceux de nos peintres qui occupèrent les places les plus enviées à l'époque de transition où se modifia si étrangement notre art traditionnel, il en est deux qui, par leur existence effacée, obscure et, en même temps, par leur talent vaste et presque génial, semblent défier à la fois et l'historien et le critique.

Si nous avons osé toucher à leurs voiles presque sacrés, c'est pour apporter aux travailleurs futurs notre part de documents, rien n'étant à négliger dans l'œuvre de reconstitution historique que méritent ces artistes trop insuffisamment appréciés.

Jean Joest doit, sans nul doute, à des voyages lointains les diffé- rents aspects de son œuvre qui semble encore douteuse par le fait même de cette complexité.

Gérard David, fixé à Bruges, et qui probablement n'a point voyagé plus loin, témoigne cependant de modifications momenta- nées mais surprenantes dans son exécution, et nous ne pouvons nous expliquer surtout le dessin de quelques-uns de ses tableaux que par l'obligation stricte où il fut peut-être amené, de conserver un contour, de retracer une scène italienne ou des personnages imposés. Ces œuvres sont en fort petit nombre et peuvent impliquer un séjour dans le Midi ; mais elles témoignent si clairement du