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Delft ou de villages voisins, c'était pour faire observer que Haarlem fut un centre attirant les étrangers, de même que Bruges, et que son importance puisait sa source dans la pratique obstinée de l'art, tandis qu'à Bruges s'y mêlait l'attrait du lucre causé par la richesse commerciale. Aussi plus d'un cliercha-t-il à s'évader d'une localité tranquille, éloignée, faite pour l'étude, à la vérité, mais fort peu pour le progrès ou la renommée.

De ce nombre fut J. Schoorl ou Schoreel (1495-156 2). Né dans les environs d'Alkmaar, ce qui permit ses rapports avec Heems- kerk, il fit comme Lucas de Leyde, abandonna ses premiers maîtres, les Cornelisz, et se laissa assaillir, durant ses voyages, de multiples tentations artistiques qui se traduisirent en sujets analogues à ceux de Durer, avec qui il collabora, et à ceux de Mabuse et de Metsys.

Schoreel était un homme instruit et distingué. Il fut à Cologne, à Bâle, recommençant ainsi le périple de Memling qui l'impression- nait fort.

Il fut ensuite à Nuremberg, à Venise qui parlait mieux à son naturel néerlandais que la Palestine, but de son pèlerinage. D'Orient, il rapporta quelques sujets, rien de plus : et c'est à peine si le Midi put réagir quelque peu sur son coloris, et si les travaux qu'il fit à Rome en 1522 pour Adrien VI, qui le nomma chanoine d'Utrecht, le détournèrent de sa véritable voie : l'archaïsme, par suite de la recherche de la forme, qui lui fut ainsi imposée.

Devant la Nature, la plupart des maîtres ont négligé incon- sciemment leurs principes théoriques les plus autoritaires. On trouve des classiques, des maniéristes, qui ont fait des études et des por- traits d'une sincérité extrême.

Les Néerlandais a fortiori^ très réalistes et peu au fait de la science de l'antiquité, devaient aisément oublier les leçons esthé- tiques puisées en Italie et même leur engouement pour la peinture de quelque rival heureux.

Aussi, les portraits révèlent-ils mieux le tempérament d'un maître flamand ou hollandais que toute composition d'histoire sacrée ou profane.

Schoreel en donne la preuve dans ses nombreux portraits des Hôtels de Ville d'Utrecht et de Haarlem, et dans le sien propre avec celui de sa maîtresse (1539), au Musée du Belvédère, à Vienne.