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Ce style flamand est encore évident dans le retable de maître- autel, à Saint-Pierre de Genève, qui provient d'un élève de Martin ayant passé par cette ville.

Schongauer a sans doute apporté dans nos contrées des éléments nouveaux, des formes spéciales que la gravure lui permit de vulga- riser, des types colonais, byzantino-italiens, des anges à grandes ailes et costumés de brocart, des turbans, des pointes aux bonnets.

Dans les dessins du Palais Pitti figurent un Saint-Antoine, type habituel à Frument (n° 22), des coiffures bavaroises, sur un Porte- ment de Croix (n° 21), un Calvaire, des rayons, un Pilate, très caractéristiques. Dans des sujets signés à tort Jehannin Mobuze, on voit les plis spéciaux que A. Durer lui a empruntés.

Il est évident que la Flandre fut un point de mire pour les artistes entreprenants de l'Allemagne et de la Hollande, et que nombre de leurs œuvres sont perdues, car les voyages furent plus fréquents qu'on ne le croit. La seule souveraineté de princes allemands dans nos provinces, ne peut expliquer la couleur et les réminiscences flamandes de Wohlgemuth, de Fyoll, de Durer (d'Aldegraever, qui ressemble à Mostaert), et de tant d'autres dont on ignore les noms.

L'exemple de Schongauer ne suffit pas k faire comprendre que l'on trouve à Saint-Sébald, à Saint-Laurent de Nuremberg, à Munich, une sorte de copiste de Bouts, dont les conseils ont peut- être déterminé le voyage de Durer. Les pérégrinations étaient longues et fatigantes, mais on se mettait en route avec plus d'énergie sans doute qu'aujourd'hui, et surtout avec plus de con- viction .

Les dessins de Schongauer, bien plus que les estampes de J. de Barbary, doivent avoir impressionné Durer, qui s'adonnait à la gravure depuis 1490 et se forma au goût de l'Italie plutôt vers 1495.

Fils d'un peintre né en 1427 et dont le portrait, exécuté en 1497 par Durer lui-même, se trouve à Francfort, le chef de l'Ecole bava- roise a souvent obéi à l'influence de l'art flamand.

Il n'y a que trop de confusion entre ses œuvres et celles de Lucas de Leyde, de Gossart, de David, de H. de Blés ou de Van Orley, dont le style se marque si clairement sur la très belle Adoration des Mages, datée de 1504, qui se trouve aux Offices (n° 1141). Sur son tableau du Musée de Dijon (n 109) et sur la