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s’ils n’avaient quitté leur village natal, n’eussent jamais laissé leurs chefs-d’œuvre ; et dans la Vierge au Donateur, de J. Van Eyck, comme dans deux tableaux de Memling[1], existe un caractère français dans une Madone, des piliers, des sculptures (analogues aux ornements de la cathédrale de Laon et à la colonnade de celle d’Amiens), qui montre une étude aux mêmes sources. L’on sait d’ailleurs les relations de nos imagiers avec la France.

En réalité c’est avec Roger Van der Weyden que Memling eut les points de contact les plus indiscutables. Il peut avoir été son élève en 1460, puis de 1467 à 1470 celui de Bouts et avoir voyagé jusqu’en 1478.

Il montre les contours durs de Roger dans le No 697 du Louvre ; et en revanche la facture, la fine gamme grisâtre et les figures d’anges ou de saints du triptyque des Médicis, à Francfort, pourraient être attribuées à Memling.

Dans la Vierge embrassant son Fils[2] se dévoile le style de Memling, de même que dans la Déposition de Croix[3], autre œuvre de Roger où l’on voit un dévot priant, rappelant une figure de Van Eyck, outre une Vierge avec Saint-Jean, dignes du peintre de l’hôpital de Bruges. Memling n’était point original, point novateur. Son triptyque de Floreins, daté de 1479, et dénotant le plus admirable miniaturiste, paraît avoir été commandé comme une suite à des tableaux de maîtres antérieurs ; les figures de petits anges du volet de gauche et de l’Enfant (volet de droite) évoquent Roger. Cette œuvre, d’un coloris chaud et qui se rapproche des détails de l’Adoration des Mages de Bruxelles, suffit pour prouver que cette dernière a été peinte par un pasticheur de Memling.

Le triptyque de Floreins fut copié en 1480, avec des volets portant le portrait du corroyeur Bultynck ; le maître avait sans doute, de son vivant, des aides-copistes pour exécuter les commandes. Éclectique comme tous ses confrères de la transition, Memling suivait des usages pratiques qui dénotent que des relations personnelles ou d’atelier existaient entre certains peintres.

Des étoffes, des objets de prix étaient copiés dans des ateliers divers, ou par un élève ; peut-être ces accessoires ne servaient-ils

  1. nos 161 et 680, Musée du Louvre.
  2. No 28, Musée de Dôle.
  3. Galerie Pamfili, No 171.