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tendances d’art auxquelles une longue période de domination étrangère, ou une déférence singulière envers les maîtres étrangers semble les avoir condamnés. Car il est de toute évidence que, malgré la trivialité qu’on lui reproche, et qui n’est qu’un attachement extrême à la réalité, l’art flamand a tenté, de sacrifier au goût italien ou français et que les plus nationaux de ses adeptes nous apparaissent encore sous les noms de Memling, G. David, Bouts, Frument, tous étrangers, et de Van Eyck, Metsys, Van der Weyden, Van der Goes, Horenbout, tous nés hors de Bruges.

Cet épanouissement exotique, au contact d’une terre plantureuse où l’amour du luxe et de la couleur fut toujours un don naturel au peuple, est-il un indice d’un défaut d’initiative artistique ? L’élan une fois imprimé, l’École brugeoise témoigne de solides qualités pratiques comme celles du Biabant et d’Anvers.

Il semble pourtant que pour sortir d’une certaine torpeur, nos peintres ont toujours demandé une direction excitante, énergique et soutenue, l’aiguillon de la rivalité ou l’exemple du dehors. Comment s’expliquer autrement que l’influence de notre climat développe des qualités spéciales chez des étrangers, tandis que les travaux nombreux des indigènes restent dans l’obscurité et l’oubli ?

Les détenteurs de trésors naturels, qu’une étincelle suffit à faire briller au contact de Wallons, de Hollandais, d’Allemands, ne se révèlent grands artistes qu’après des voyages ou sous la conduite d’un de ces étrangers !

Le fait le plus remarquable à cet égard que nous apporte le XVe siècle, c’est qu’un courant hollandais a passé sur la Flandre et a dominé même des Français et des Germains, à l’époque précise où Roger dit de Bruges dirigeait l’art au centre du pays.

Si Memling nous donne un reflet de l’École romano-byzantine de Cologne, Th. Bouts, Gérard David et un artiste trop oublié, Jean Joest, de Haarlem, caractérisent la branche néerlandaise de l’École flamande.

Après les travaux remarquables qui ont mis en lumière l’œuvre de Memling, nous devons nous borner à classer quelques notes prises devant ses œuvres. Notre principal but est d’ailleurs de relier entre eux les artistes de cette époque et de prouver que l’on peut les grouper légitimement.

Sans nul doute, des maîtres tels que Memling, Gossart, G. David,