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On peut se demander pourquoi M. Vander Haeghen, qui se complait à faire ressortir soigneusement les points conformes entre la description et le « tableau tel que nous le connaissons », met un empressement beaucoup moindre à signaler les discordances entre celui-ci et celle-là.

Il en est une qui est précieuse et grosse de révélation.

J'ai en vue la phrase relative à Isabelle de Portugal.

Après avoir dit un mot de la représentation religieuse et des por- traits de Philippe le Bon et du personnage placé derrière lui, l'au- teur anonyme continue ainsi :

Ende up de slyncker zyde ivas een vraie persoon knylende met zelver accoitstrtunent * ghesayt met gouden roosen met mantel soo voors...

M. Vander Haeghen ajoute, à propos de ces lignes, en guise de note, au bas de la page :

Nous devons reconnaître que la description de la femme n'est pas très claire.

X'en déplaise à mon savant confrère, je trouve cette descrip- tion d'une clarté parfaite ! On en jugera par la traduction tex- tuelle que voici :

Et dît côté gauche était itne femme agenouillée avec accoutrement d'argent, semé de roses d'or, avec manteau, ainsi que dit est.

C'est-à-dire, vêtue d'un manteau pareil à la robe.

Pour quel motif M. Vander Haeghen taxe-t-il d'insuffisants, de pas très clairs, ces détails de costume ?

Je vais vous l'apprendre : c'est qu'Isabelle de Portugal, sur le tableau de la « Grande Boucherie », a changé de toilette !!

Et cette métamorphose ne date pas que de la restauration de M. De Vigne : dès la découverte de la peinture, en 1855, la prin- cesse s'est montrée aux Gantois d'alors dans une robe de la même

' M. Vander Haeghen a lu, à tort, accoustcrment.

Il y a encore, soit dit par parenthèse, plusieurs autres leçons inexactes dans sa coi)ie.

Relevons deux erreurs dans les observations qui l'accompagnent :

i" La famille dont les armes se trouvent combinées avec celles de Clèves a nom, non pas Lamarche, mais La Mar[c]lc ;

2" Le cimier de Clèves est bien een oss hooft, un rencontre de bœuf, ou de taureau, comme le dit l'anonyme du xvii* siècle, et non : à cornes de taureau, comme traduit M. Vander Haeghen.

On connaît la façon caractéristiciue dont les Clèves portèrent ce cimier.