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Parlant, ensuite, de la description faite par lui, en 1855, de la composition, M. Serrure poursuit ainsi :

« Cette description est un procès-verbal ; qu'on la compare à la restitution faite par M. De Vigne et reprise, depuis, encore par un autre artiste ; qu'on se souvienne que, pour la partie manquante, M. James Weale y voyait tout autre chose que MM. De Vigne et De Busscher •, et qu'on en tire la conclusion que les dessins de M. De Vigne n'ont pas la valeur de documents, mais seulement le mérite d'artistiques fantaisies.

» Le pinceau de M. De Vigne est venu à la « Grande Boucherie » trancher la question comme l'épée d'Alexandre a tranché le nœud gordien ^... »

Enfin, feu notre confrère passe à l'inscription qui se lit sous cette peinture.

Quand on retrouva celle-ci, dit-il, on constata qu'à une époque assez reculée déjà « la légende ancienne, dont on voyait encore les traces, avait été remplacée par des caractères imitant le gothique fleuri, de sorte qu'un doute avait surgi sur la question de savoir si, dans la date : mccccxlviii, le chiffre L (cinquante) n'avait pas remplacé le chiffre C (cent), et si la vraie date n'était pas 1498. Cette question, que nous ne cherchons nullement à résoudre, avait bien sa valeur archéologique ; aujourd'hui, elle est irrévocablement insoluble ^... »

De ce qui précède, il y a un point capital à annoter : la réfection de la peinture, ou, à tout le moins, d'une partie de celle-ci, à une époque antérieure au moment où elle fut remise au jour.

Lors d'une récente visite à la « Grande Boucherie », j'eusse

' Voir, de M. W. -H. -James Weale, une lettre dans le Messager des sciences historiques (1860, pp. 395-399), lettre où l'érudit Anglais rectifie, notamment, l'interprétation fantaisiste que MM. De Vigne et De Busscher avaient donnée de certains personnages.

'^ Un autre contemporain de M. De Vigne, le baron Jules de Saint-Génois, reconnaît qu'il est « impossible de distinguer la peinture récente de la peinture primitive ; M. De Vigne, dit-il, s'est inspiré de l'esprit de l'époque et des célè- bres artistes dont il a retouché l'œuvre (sic !). •»

Puis, il ajoute un peu naïvement :

« La peinture murale à l'huile de la (irande. Boucherie est aujourd'hui un spécimen unique et complet de l'art flamand au xv" siècle. » (Messager des sciences historiques, 1856, p. 389 ; voir aussi ibid., 1855, p. 229 et p. 507.)

^ C'ette affirmation est peut-être trop absolue, ainsi qu'on le verra plus loin.