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missaires s'accordaient à reconnaître la parfaite aptitude ? On chercherait vainement une explication à cet égard dans les rapports officiels. Elle ne résulte que de renseignements privés dont l'analyse va suivre.

V

A la suite des candidats proposés, trois religieux avaient recueilli un certain nombre de voix sans cependant obtenir une candidature : c'étaient en premier lieu Dom Placide de Sellys, qui était directeur de l'abbaye d'Argenton et qui devint plus tard abbé de Nizelles, — en second lieu Dom Grégoire Mambour, — et enfin celui qui est visé particulièrement dans cette notice, Paul-Balthazar de Bavay (en religion Dom Robert), né à Bruxelles, le ii juin 171 1.

Dom Robert n'avait obtenu qu'une vingtaine de voix. Agé de 53 ans, simple directeur de l'abbaye de Val-les-Dames, il semblait n'avoir aucune chance d'être élevé à la prélature. Une circonstance, fort secondaire en apparence, le mit tout d'un coup en relief : il était neveu de Dom Anselme (François de Bavay), qui avait été jusqu'à sa mort abbé régulier de l'abbaye Bénédictine de Notre- Dame de Beaupré, au diocèse de Toul, près de Lunéville, en Lorraine. Cette abbaye avait eu pour 50^ chef le prince François de Lorraine, qui était ce que l'on appelait alors un abbé commenda- taire, ayant droit au titre et aux revenus, sans être astreint à la résidence ni aux devoirs de cette dignité ecclésiastique. Privée d'un chef effectif, l'abbaye de Beaupré, comme beaucoup d'autres à cette époque, périclitait par suite du relâchement de la discipline. Une réforme s'imposait et le duc Léopold l'avait extrêmement à cœur. Après avoir obtenu que le prince-abbé, son frère, résignât sa com- mende, il s'était adressé à l'abbé d'Orval en vue d'obtenir un reli- gieux qui pût rétablir à Beaupré l'ancienne discipline de l'Ordre de Citeaux. François de Bavay eut l'honneur d'être désigné au duc Léopold. Secondé par quelques autres Bénédictins d'Orval, il réussit à rétabhr complètement la discipline à l'abbaye de Beaupré, qu'il gouverna de 1710 à 1737 comme abbé régulier. Il n'en fallait pas davantage pour lui assurer la haute bienveillance des princes de la maison de Lorraine. Aussi, lorsqu'il fallut pourvoir à l'abbaye de Villers en 1764, le nom de Dom Robert de Bavay fut signalé au