Page:Société royale d'archéologie de Bruxelles, Annales, vol 13 - 1899.djvu/341

Cette page n’a pas encore été corrigée

- 335 —

» Majesté être nommé à leur maison ». Ces commissaires, au nombre de deux, étaient choisis d'ordinaire, l'un dans la haute magistrature, l'autre parmi les prélats. Ils dirigeaient les élections et l'on comprend sans peine qu'ils exerçaient une grande influence sur le choix du gouvernement.

Les élections se faisaient avec toutes les garanties désirables, notamment avec celle de la publicité dont nos constitutions modernes ont fait ressortir la haute valeur. Tout aujourd'hui semble devoir être public, en matière judiciaire comme dans le domaine politique ou électoral. Seulement, si nos élections sont publiques, le vote est secret et le législateur s'ingénie à multiplier les précau- tions en vue de garantir l'électeur contre toute divulgation de son vote. Nos cours de justice, à leur tour, investies par la Constitution (art. 99) du droit de nommer leurs présidents, les choisissent en audience solennelle et publique ; mais le vote a lieu également au scrutin secret ! Jadis, au contraire, quand il s'agissait d'élire un abbé, l'élection se faisait sans doute à huis clos, dans la salle du chapitre ; mais, loin de voter par bulletin secret, chaque moine électeur avait à faire connaître en détail les motifs de son choix et de ses préférences.

Laissons parler deux auteurs contemporains, qui décrivent fort exactement toute cette procédure électorale * : « Au jour fixé, » tous les religieux se réunissaient à l'abbaye. S'ils étaient empê- » chés, ils devaient envoyer, par lettres cachetées, leur vote motivé » aux commissaires du gouvernement. Le scrutin s'ouvrait par une » messe solennelle du Saint-Esprit, pendant laquelle l'un des » commissaires ecclésiastiques montait en chaire et adressait aux » religieux une courte exhortation, pour leur rappeler l'importance » du choix à faire et l'obligation rigoureuse de voter selon leur » conscience, sans tenir compte d'aucune considération humaine. » Après la messe commençait l'élection. Tous les religieux se » présentaient, l'un après l'autre, devant les commissaires et leur » désignaient les trois candidats qu'ils jugaient les plus capables » et les plus dignes, en indiquant sommairement les motifs de leur

' Cette citation est empruntée à « L'Histoire de l'Abbaye de Florelfe, de l'Ordre de Prémontré », par les abbés Joseph et Victor Barbier (p. 263, Namur, 1880). Nous avons pu vérifier que les mêmes formalités s'accomplissaient ,i(énéralenu'nt ii l'abbayi- dv Villers, bien tiu'i-lk- n'appartînt pas au menu- Ordre.