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neur, étant à Arlon, au mois d'octobre 1577, avait consenti à l'échange du sieur de Ruart contre les gens de M. de Treslong, détenus par le parti des Etats.

Il avait remis « lettres closes pour monsieur le comte du Roeulx », c'est-à-dire pour Jean de Croy, gouverneur de Namur avant Berlaimont.

Celui-ci avait engagé M""^ de Ruart à se rendre à Bruxelles pour faire une démarche auprès des Etats. L'offre d'échange avait été acceptée, et immédiatement les gens de M. de Treslong avaient été mis en liberté. M*"^ de Ruart était alors retournée auprès de Jean de Croy, demandant l'élargissement de son mari ; mais le comte du Roeulx avait exigé une attestation du sire de Goegnies, maréchal de camp pour les Etats, que les gens de M. de Treslong avaient été bien réellement relâchés; M""* de Ruart était allée trouver M. de Goegnies, et était revenue avec l'attestation. Toutefois, le comte du Roeulx voulait davantage.

Par hasard, M"'^ de Ruart avait rencontré M"'^ de Morialmé, belle-sœur de M. de Treslong, qui s'était empressée de lui donner son témoignage. Jean de Croy n'avait pas encore été satisfait ; il avait voulu le témoignage des gens de Louis de Treslong eux- mêmes.

Sans perdre patience, M'"= de Ruart s'était rendue à Bruxelles pour se mettre à leur recherche ; mais il y avait deux mois d'écoulés depuis leur mise en liberté, et ils étaient introuvables.

Alors eut lieu la bataille de Gembloux, et le sire de Goegnies avait été lui-même fait prisonnier.

M. le comte du Roeulx avait quitté Namur, et la pauvre femme ne savait où le rechercher. Mais d'autres malheurs étaient venus fondre sur sa tête ; des soldats français, envoyés par le duc d'Anjou (ou, comme on l'appela bientôt, le duc d'Alençon) pour aider les troupes des Etats, l'avaient chassée de sa maison à Ge- nappe, avec ses enfants, et l'avaient complètement dépouillée, au point qu'elle ne pouvait plus faire les dépenses nécessaires pour obtenir la délivrance du prisonnier. Au moment où elle envoyait sa requête, celui-ci se trouvait depuis deux cent soixante-huit jours en prison, et il y avait plus de six mois que les gens de Treslong étaient libres ; et elle-même était dans l'impossibilité de faire par- venir de l'argent pour l'entretien et la nourriture de son mari tou- jours détenu.