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ornées de fleurons et de crochets ; elles abritent des figures repré- sentant des chevaliers presque en haut relief armés de toutes pièces, sauf du casque, que l'imagier se borne à supprimer ou qu'il remplace par un simple chaperon ou par un chapel. Chacun de ces nobles personnages porte au bras ou à la main une sorte de targe. La main droite repose toujours sur l'épée ou sur la dague. Les attitudes ont une variété cherchée et les tètes sont traitées avec soin et beaucoup de finesse. Nous ne signalerons que pour mémoire les quatre anges vêtus de dalmatiques sonnant de la trompette ou balançant l'encen- soir. Ces images en ronde bosse, courtaudes, sont d'une facture aussi disgracieuse que relativement moderne et elles enlèvent à cet antique véhicule une grande partie de son charme *.

Nous terminerons ce quatrième chapitre en étudiant plusieurs monuments funéraires entre autres ceux dus à Jacques de Gérines. On ne doit pas s'étonner de nous voir citer ce batteur en cuivre « coperslager » ^ parmi les statuaires, car la place d'un fondeur semble tout indiquée dans un travail sur la sculpture. En effet, des liens très étroits unissaient les imagiers et les fondeurs. Avant de procéder au coulage d'une pièce, on se procurait habituellement un modèle en bois fourni par l'imagier. Or, il semble résulter des documents que nous citerons bientôt, que Jacques de Gérines a joué le double rôle auquel nous venons de faire allusion. Le monu- ment le plus important auquel son nom reste attaché est le tombeau de Louis de Maie.

Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, fit faire à son beau-père, dans l'église de Saint- Pierre, à Lille, les plus magnifiques funérailles qu'on eût jamais vues. Toutefois, ce prince ne songea pas à remplir les dispositions testamentaires du défunt. L'une des clauses était pourtant positive et conçue en ces termes : « Jeesliz ma sépulture en l'église collégiale de Saint- Pierre de Lille, en la chapelle de Notre- Dame à la Traille, ou en quelle chapelle bon semblera à mes exé- cuteurs, et veulx que pardessus mon corps soit faicte une tombe par

1 Nous devons d'utiles renseignements à l'obligeance de M. Ed. de Prelle de la Nieppe. Voyez dans les Documents classés de van Ysendick, la reproduction du char.

2 A proprement parler, un coperslager est un batteur de cuivre. Le dinandier était à la fois fondeur et batteur. A Dinant, par exemple, on désignait l'industrie de la dinanderie : le bon métier de la batterie.