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et de Marie Turebants, fondateurs du couvent du Saint-Sauveur.

De son côté, M. de Burbure fait remarquer que le nombre des sculpteurs anversois connus, vers 1450, était peu considérable.

On a vu plus haut que la ville de Nivelles en Brabant a été citée dans les itinéraires suivis par les délégués du chapitre de la cathé- drale de Rouen, qui avaient pour mission de recruter des imagiers pour l'achèvement des stalles. Toutefois, les archives nivelloises sont muettes sur les noms des maîtres, et les témoignages de leur habileté ne nous sont parvenus qu'en petit nombre. Il y a lieu de croire cependant qu'il y avait, dans la petite cité brabançonne, un foyer artistique d'une certaine intensité. Le voisinage de Bruxelles et la présence d'un chapitre noble désireux de doter la collégiale d'œuvres de prix, suffiraient à justifier notre assertion. Faudrait-il attribuer à un maître de Nivelles cette admirable coupe de sainte Gertrude du commencement du xv^ siècle ? Le nœud est orné de délicats émaux translucides, et sur le pied se dresse une figu- rine d'ange svelte et élégante, tenant en main une chapelle en miniature. Cette œuvre n'appartient, sous le rapport plastique, qu'indirectement à notre étude ; en revanche, le char de la châsse de sainte Gertrude mérite de nous arrêter un instant. Il n'existe, nous nous hâtons de le reconnaître, aucun renseignement positif sur ce véhicule, d'autant plus intéressant qu'il constitue, à notre connaissance, la seule pièce de ce genre du xv^ siècle qui soit parvenue jusqu'à nous. C'est un témoin irrécusable des usages anciens qui se sont perpétués jusqu'à nos jours. Œuvre de terroir ou non, elle ne nous paraît pas, en tout cas, étrangère aux manifes- tations de l'école dont nous nous occupons. L'ordonnance en est assez simple : le char avait, avant tout, pour but de bien mettre en évidence le joyau d'orfèvrerie ; il est monté sur quatre roues, porte deux socles rectangulaires superposés, le plus haut en retrait sur celui d'en bas. Celui de la partie inférieure se compose de vingt-quatre panneaux peints, soit dix-huit pour les longs côtés et six pour les deux autres.

Les peintures, aux trois quarts effacées, nous montrent de nobles seigneurs vêtus de costumes de l'époque de Philippe le Bon ; des colonnettes hexagones, surmontées des tati\ettes portant des banderoles, encadrent les panneaux. La partie supérieure ou du socle proprement dit est décorée d'arcatures légèrement surbaissées.