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S'il faut en juger par les renseignements qui viennent d'être donnés, Paul Mosselmann a sans nul doute occupé un des premiers rangs dans la pléiade des imagiers qui ont été cités plus haut. En tout cas il reçut encore d'autres commandes du chapitre de la cathé- drale, entre autres un crucifix de bois pour servir le jour du Ven- dredi-Saint (1466). Peu de temps avant de mourir, l'artiste plaça dans la salle du chapitre des statues en pierre, dont une de Notre- Dame de trois pieds de haut, une autre de saint Romain et deux statuettes représentant des archevêques de Rouen.

Il serait difficile d'indiquer ce qui appartient à Mosselmann parmi les quelques sculptures de stalles échappées à la destruction. « Ces sujets, dit M. de Champeaux, traités avec un profond sentiment de naturalisme *, rappellent les sujets inscrits dans les quatrefeuilles de la cour de l'hôtel de Jacques Cœur, et il ne serait pas impossible que Mosselmann eût figuré au nombre des artistes chargés de décorer la demeure du célèbre argentier. Les bas-reliefs de la cha- pelle et des cheminées des galeries sont conçus dans le sentiment franco-bourguignon -, qui a inspiré les plus belles œuvres de notre sculpture au xv^ siècle. La ville de Bourges était alors un centre artistique très florissant, et le duc de Berry y avait attiré un trop grand nombre d'ouvriers du Nord pour qu'il ne restât pas plusieurs membres de cette colonie disposés à entrer au service de Jacques Cœur. »

Olivier de la Marche a transmis avec un soin minutieux la des- cription des fêtes splendides qui furent données à l'occasion du mariage de Charles le Téméraire avec Marguerite d'York, en 1468. Pour être d'une lecture moins intéressante que les récits dont il s'agit, les comptes des dépenses qui furent faites en cette occur- rence offrent, en revanche, des données fort précieuses pour l'his- toire de l'art dans les anciens Pays-Bas.

On vit accourir à Bruges, mandée par les officiers du duc, une véritable légion d'artistes et d'hommes de métiers : des peintres, des imagiers, des faiseurs de naves, des escri^nicrs, des ouvriers en cyrre, des fourreurs, des parmentiers, des manderliers, etc.

^ op. cit., p. 41.

^ L'expression franco-flamand me paraît plus juste; les Bourguignons n'ont joué dans l'exécution de divers retables, entre autres ceux de Dijon, qu'un r(')le secondaire, tandis que les artistes tlamands, hollandais et brabançons ont souvent travaille en Bourgogne. 2i