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retable : il a perdu son abondante chevelure et les glaces de l'âge l'ont forcé à se vêtir d'une houppelande garnie de fourrure. Sous la paupière à demi close, luit encore un regard très vif. C'est un por- trait sincère s'il en fut jamais. Sur le volet d'en face est agenouillée Gentine Solaro dont les traits émaciés disparaissent sous sa coiffe blanche, et, n'était le blason qui pend à ses côtés, rien ne serait capable d'évoquer le souvenir de la gracieuse donatrice que nous avons vue représentée dans la fleur des années. Nous penchons à croire que le triptyque du Musée de Cologne est formé de volets qui appartenaient primitivement à un retable complet dont la partie médiane était occupée par de hauts-reliefs, et les sujets tirés des légendes de saint Pierre et de Notre-Dame aux Neiges, qui n'ont aucun rapport entre eux, formaient des pendants reliés par la Passion de Jésus-Christ ou les scènes de la vie de la Vierge; s'il en est ainsi, il y a lieu de supposer que les peintures ont vu le jour à Bruxelles. M. le chanoine Schnùtgen a, du reste, fait observer avec infiniment de raison que ces panneaux, dus à un maître de second ordre, se res- sentent de l'influence de Thierry Bouts (mort en 1475) qui vint se fixer à Louvain et qui laissa deux fils, Thierry et Albert, qui furent tous deux peintres *.

En 1476, Michel de Chaugy disposait, en faveur de l'antique abbaye des bénédictins d'Ambierle, d'un vaste retable à volets, destiné à être placé sur l'autel de l'église qui était alors en voie de réédification -.

Ce gentilhomme, qui appartenait à l'ancienne noblesse foré- zienne, entra, en 1442, à la Cour de Bourgogne, 011 son père avait déjà occupé des fonctions importantes. Il assista, dit M. Jeannez, à la journée de Lokeren, devint successivement conseiller, cham- bellan, premier maître d'hôtel et valet de chambre. Passons l'énu- mération de toutes les faveurs dont il fut comblé et arrivons à la clause testamentaire qui nous intéresse : « Item, je lègue en l'église d'Ambierle, où sont enterrés mes prédécesseurs, une table d'autel pour mettre sur le grand autel d'icelle église du dict Ambierle, laquelle table est à Baume, en l'hostel de Laurens Jaquelin, et veux qu'elle soit menée au dict lieu d'Ambierle à mes despens ».

1 Zcitschrift fur Christ lie he Kiinst, [889, p. 50. Ein Nicderlandischcs Fliigclbild aus dem hide des XV Jahrhiindcrts.

^ Le retable de la Passion de l'église d'Ambierle en Roumais, par E. Jeanne;:. Gazette archéologique, 1886.