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que, parmi les juifs spectateurs ou soldats, certaines figures tiennent .plus de la charge que de la nature observée. Pour le style, le retable •setrMtache à la puissante école de peinture contemporaine de Roger Van der Weyden, et on en peut fixer la date de la confec- tion vers 1 460-1 470.

Alors que le retable ne nous était connu que par une photographie, nous n'hésitâmes pas à le restituer à un atelier bruxellois. Cette assertion se trouve justifiée, d'une part, par l'existence d'analogies nombreuses avec les éléments plastiques et architectoniques des retables de Léau, d'Ambierle, ainsi qu'avec des groupes détachés appartenant au Musée d'antiquités à Bruxelles (voir fig. 34) qui proviennent de cette ville. Elle trouve encore sa justification en la présence de la marque corporative du compas imprimée en plusieurs endroits sur les ais servant à maintenir le fond des compartiments latéraux. Cette marque appartenait en propre aux tailleurs d'ima- ges de Bruxelles.

Les donateurs avaient, du reste, des relations avec la cité brabançonne^ comme nous le verrons à l'instant. Les armoiries, adossées aux prie-dieu, nous apprennent que ces deux person- nages sont Claude de Villa et Gentine Solaro, issus l'un et l'autre de familles piémontaises. Le gentilhomme portait bandé d'or et d'azur chargé de trois étoiles d'or timbré d'un casque de tournoi ayant pour cimier une licorne. Quant à la noble dame, elle blason- nait comme suit : parti les armes de son mari^ parti celles de sa maison, à savoir : d'azur à trois bandes échiquetées d'or et de gueules *. L'écu est suspendu à un arbuste ébranché. Sous chaque compartiment du retable est répétée deux fois de suite la galante devise des Villa : « Droit et avant », et, pour qu'il n'y ait pas de doute sur sa signification, elle est accompagnée d'une flèche ornée d'une faveur, la pointe dirigée vers le bas. Au surplus, le blason des Villa apparaît posé en saillie, sous chaque compartiment.

A la devise des Villa le donateur aurait pu opposer, en guise de réplique, celle des Solaro : Tel fiert qui ne tue pas. Claude de Villa avait des relations avec Bruxelles, où un des siens tenait table de prêt, ainsi que cela résulte d'une mention du registre de la Confré- rie delà Sainte-Croix fondée en 1383 en l'église Saint-Jacques-sur- Caudenberg.

^ Voyez RiETSTAP, Armoriai général.